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Hommes du Pays de la Soule
 
 
                                                     LA DIASPORA SOULETINE

Origine

Dans la mouvance de leurs confrères de Gascogne, les cadets du Pays Basque eurent une certaine influence sur le modelage de la région. En Soule comme dans le Béarn voisin, le droit d’aînesse s’est imposé de lui-même, dès l’origine des temps ; les lois révolutionnaires sur l’égalité ne purent rien y faire. En pays pauvre, où la terre ne peut faire vivre qu’une famille, on ne peut la partager. L’aîné, qu’il soit garçon ou fille, recevait la terre et la maison, l’etxe, la case en Béarn. Le cadet devait chercher fortune ailleurs. Souvent, il ne s’installait pas très loin du pays, avec d’autres cadets. Ensemble, ils formaient de petites communautés qui créaient des « écarts », où ils se spécialisaient dans la confection de produits agricoles, comme le fromage de brebis. Ou dans la fabrication de mouchoirs et de draps dans les faubourgs des villes. Certains partaient « s’apatrier » aux Amériques ou dans les Antilles ; d’autres entraient dans les ordres religieux ou dans l’armée (comme les fameux mousquetaires). Les plus chanceux épousaient des filles aînées héritières, mais ils devaient alors s’installer dans la famille de l’épousée et prendre le nom de celle-ci. Pour les cadettes, le mariage ou la vie religieuse était la voie la plus fréquente. C’est en respectant ces traditions que le morcellement des terres et les grandes famines purent en partie être évités.

Au droit d’aînesse, principale cause des départs, on peut ajouter la réfraction au service militaire, les guerres carlistes, les épidémies du choléra et du phylloxéra, le déplacement de la frontière de l’Ebre à la Bidassoa…

Les « apatriés » eux, commencèrent à suivre les colonisations espagnoles au Mexique puis en Amérique latine surtout en Argentine (Buenos Aires et Santa Fe), au Venezuela, en Uruguay (Montevideo) et au Chili. L’émigration continua vers l’Amérique du Nord. Si les Basques de la côte se dirigèrent vers Saint-Pierre et Miquelon pour la pêche, ceux de Soule et des montagnes suivirent vers 1849, les chercheurs d’or de Californie, puis se tournèrent vers leur métier d’origine, berger. Ils attirèrent ceux déjà installés dans la Pampa argentine. Le Souletin sut adapter sa connaissance de la transhumance et de la vie d’isolement dans un paysage hostile, à sa nouvelle patrie, le continent américain. Il est à noter que les îles à sucre (Antilles) eurent moins de succès. Plus axées sur l’agriculture que sur l’élevage, elle attirèrent surtout les voisins béarnais.

Importance de l’émigration

Les statistiques concernent surtout les trois provinces de l’intérieur : Labourd, Basse-Navarre et Soule. La plupart des études s’accordent à reconnaître que près de 100 000 Basques ont quitté le pays entre 1830 et 1914 ! Ce qui représente une véritable hémorragie pour une région peuplée en 1850 de 150 000 habitants.

Les organisations

L’intégration du Basque, et du Souletin en particulier, dans sa nouvelle patrie, accompagnée par le maintien de son identité face à une culture dominante qui lui est étrangère, s’explique par la présence d’établissements spécifiques ou Euskal Etxeak. Ceux-ci surent former un réseau d’entraide, d’information et de promotion de la culture basque à travers le continent. C’est grâce à la NABO (Northern American Basque Organization) que nous avons pu nous procurer le logiciel des caractères basques pour cet ouvrage. Le plus grand nombre de centre se trouve en Argentine et aux USA. Suivent l’Espagne, l’Uruguay, le Venezuela, le Mexique la France et le reste du monde.

Les trois principales organisations sont la Feva à Mar del Plata (elle fédère les maisons d’Argentine), la Fivu (qui a la même fonction que la Feva, mais en Uruguay) et la Nabo aux USA. On ne doit pas oublier le Center for Basque Studies à l’université de Reno. C’est là que se trouve la plus grande bibliothèque basque du monde.

Un ouvrage : L’émigration basque du père Lhande, 1910.
Un site : eskualdunak.com/import/migrations.



                                                             LES CAGOTS OU CRESTIAS



Leur origine est incertaine. D’aucuns pensent qu’ils étaient les descendants de lépreux. D’autres, des derniers Wisigoths, d’où leur nom « cans de Goths, câas Goths ou chaas Goths » qui veut dire en ''patois'', selon la région, « chiens de Goths ». Là où le pasteur aspois, Alfred Cadier, y avait vu (en 1892) un mot d’origine celte : cakod qui signifierait lépreux. Piste bien improbable. D’autres encore, des descendants de Maures, de juifs, de bohémiens ou d’hérétiques. La confusion règne. On ne sait même pas s’ils étaient grands, blonds avec les yeux bleus, ou petits, bruns avec les cheveux noirs. De nos jours, il est plus communément admis qu’il s’agissait en fait, de personnes susceptibles d’avoir été atteintes de la lèpre et de leurs descendants. C’est à ce titre qu’elles étaient bannies de certains quartiers ou du centre des villes. Il est à noter que le terme Cagot est postérieur à celui de Crestian (pluriel Crestias). Il apparaît vers le XVIe siècle, lorsque la théorie des origines Goths remplace celle des lépreux. Un fait étonnant, les crestianies ou cagoteries se sont essentiellement développées dans le Sud-Ouest, le long des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Les Cagots devaient porter dans certaines régions, des casaques rouges, bien visibles, avec une patte d’oie ou de canard sur l’épaule. Afin de ne pas transmettre la maladie, de nombreux métiers leur étaient interdits. On considérait que le fer ou le bois ne pouvaient pas transmettre la lèpre ; donc beaucoup de Cagots étaient forgerons, menuisiers ou charpentiers. Tels des parias (un peu comme les gens du voyage aujourd’hui), ils devaient entrer dans l’église par une porte latérale et ne prendre l’eau bénite qu’au bout d’un bâton. Parfois, ils avaient leur propre bénitier. Ils ne pouvaient recevoir le sacrement de l’Ordre. Ils ne pouvaient entrer dans la cité que dans la journée et par une porte qui leur était réservée : la Capdet pourtet. Pour ester en justice, un témoignage de « locaux » équivalait parfois jusqu’à sept témoignages de Cagots. Ils étaient exclus du service militaire. Pratiquement obligés de se marier entre eux, la consanguinité entraînait rapidement des tares physiques, renforçant encore plus leur exclusion. Les interdits les frappant, ne furent en partie supprimés, que sous Louis XIV, sur proposition de l'Intendant du Béarn et abolis en 1789. Leur souvenir reste dans le nom de quartiers souvent insalubres à l’écart des centres-villes.

Détails historiques

Le bon peuple était censé reconnaître les Cagots à leur haleine fétide (!) et surtout à l'absence de lobes d'oreilles (? !). On les appelait dans certaines régions « courtes oreilles ou essoreillés. On les assimilait ainsi aux moutons qui avaient par usage les oreilles coupées. Aussi, on bêlait sur leur passage : « bêêê…bêêê… les Cagots ! »

Les Cagots de Béarn et de Soule (Agotak)

Les Cagots (Agotak) étaient relativement nombreux en Soule du fait de l’importance des forêts. C’est en Béarn que l’on parle pour la première fois d’un Crestian, aux alentours de l’an mille, dans une charte de l’abbaye Saint-Vincent-de-Lucq. Les fors de Navarre en font mention en 1074. Gaston Fébus est à l’origine d’un document de grande valeur. Faisant refaire la charpente de son château en 1379, il passe contrat par notaire avec une équipe de quatre-vingt-huit charpentiers crestias. Preuve de leur importance et de leur organisation bien structurée à cette époque. Les documents sont abondants. Des délibérations du Parlement de Navarre, des requêtes, des mandements épiscopaux, des mentions de l’état civil, etc., indiquent que l’attitude de la population à leur égard pouvait varier d’une ville à l’autre. Mais elle était généralement agressive. En 1460, les États du Béarn demandèrent à Gaston IV l'application stricte des prescriptions anciennes, dont l'obligation de marcher chaussé. Les contrevenants étaient condamnés à avoir les pieds percés au fer rouge. En 1512, Jeanne d'Albret reçut la même requête ; comme son prédécesseur, elle ne donna pas suite à ces sollicitations. Quant à Henri III, ces parias étaient le dernier de ses soucis. On dit même que courtiser une Cagote le mettait en forme. Pratiquement toutes les églises possédaient leur porte de Cagots et les villages, leur quartier de Cagots. Une Pastorale a été créée en 1992, pour nous conter leur histoire à travers les siècles. Il s’agit de l’Agotak de Junes Casenave-Harigile. Elle a reçu le prix du théâtre Toribio Altzaga de l’Académie basque. Elle a été jouée en 1999, par les habitants d’Alçay et de Lacarry.

Deux ouvrages très instructifs : Histoire des Cagots de René Descazeaux, 1999. Éd. Princi Negue et L’énigme des Cagots de Gilbert Loubès. 1998, Éd. Sud-Ouest, par le spécialiste du Moyen Âge gascon. Y sont énumérées les douze hypothèses de leur origine.


                                                        PERSONNAGES DU PAYS


Galerie de personnes ayant laissé une trace ou ayant eu une influence dans la Soule ; même si elles n’y sont pas nées.

Auger III dit Malus Ier Fils de Raymond-Guillaume de Mauléon auquel il succède en 1257, il reprend la lutte contre les Anglais. C’est le Héros de l’indépendance souletine. Sous son « règne », le blason des Mauléon dominant le château, devient celui de la Soule. Dernier vicomte du pays avant l’installation des rois-ducs anglais, il est cependant obligé par la force de se reconnaître vassal du roi Henri III dont le fils Edouard vient en Soule avec son armée en 1261. En contrepartie, il reçoit quelques villages et la terre de Marensin. Ne pouvant supporter cette vassalité, il se rend chez son suzerain historique, le roi de Navarre et se met à son service jusqu’en 1274. Puis, il profite des rivalités entre le nouveau roi d’Angleterre, Edouard, qui succède à son père en 1272, et le roi de France, pour revenir en Soule. Il transforme Tardets en bastide (1299) reconnaît comme seul suzerain Philippe le Bel, roi de France, fait annuler les dispositions de 1261 qui lui avaient retiré la gouvernance du pays et récupère le château de Mauléon. Il nomme Raymond-Arnaud, seigneur de Laas, capitaine-châtelain. Mais en 1303, la paix de Paris entre les rois d’Angleterre et de France, l’oblige à céder la Soule à Edouard Ier. Par bravade, il la cède à Louis le Hutin, roi de Navarre. Celui-ci lui donne en échange la seigneurie de Rada où il se retire avec le titre de alferez mayor. Il meurt dans ses terres d’accueil en 1318.

Gaston IV de Foix-Grailly (XI de Béarn). 1425-1472. Il devient en 1436, comte de Foix et de Bigorre sous le nom de Gaston IV, et épouse la même année, Eléonore, héritière du roi de Navarre, Jean II. De 1442 à 1453, il aide le roi de France, Charles VII, à reconquérir l’Aquitaine anglaise devenue Guyenne, il l’aide à prendre Saint-Sever et Dax. Puis, avec le titre de lieutenant général de Guyenne, il prend Tartas, et L’Isle-en-Dodon. En 1449, il occupe Mauléon avec sept cents lances et l’aide du comte de Dunois. Le seigneur de Luxe du parti anglais fait alors allégeance au roi de France. Charles VII laisse à Gaston IV la gestion de la Soule (1). Puis, c’est la conquête de Bordeaux et de Bayonne. Il perd son fils cadet à la dernière bataille contre les Anglo-Gascons à Castillon, en 1453. Le roi Jean II de Navarre sont beau-père, lui confie la gouvernance de son royaume. Gaston promulgue les fors de Morlaàs qui deviennent un exemple de législation constitutionnelle pour l’ensemble de la région. En 1459, le traité de Barcelone, lui offre le titre de lieutenant général du royaume de Navarre. En 1461, Louis XI, qui succède à Charles VII, réclame la Soule, mais Gaston demande une compensation en guise de remboursement des frais engagés dans la conquête. Il rencontre le roi de France à Osserain en 1462, avec le roi d’Aragon, afin de renouveler les alliances. En 1465, Louis XI met fin à ses revendications sur la Soule et cède la province à Gaston IV. Mais en 1471, Gaston se range du côté des rois-ducs de Guyenne et doit se réfugier en Navarre, où il décède en 1472. Il est inhumé à Orthez. Il laisse à son petit-fils, François Phébus, alors âgé de 12 ans, le titre de roi de Navarre au décès de son épouse, Éléonore, en 1479.
(1) En vertu de la promesse de son ancêtre, Philippe VI faite en 1339, à Gaston II de Foix. Le château et la Soule devaient revenir au vicomte de Béarn, en cas de reconquête du pays sur les Anglais.

Jean de Sponde : né à Mauléon en 1557, d’origine calviniste il traduit les poèmes d’Homère à l’âge de vingt ans. Parti à Bale pour ses études il s’adonne à l’alchimie. De retour en France en 1583, il est nommé maître des requête à la chancellerie de Navarre par Henri III, il écrit en 1588, les Méditations sur les Psaumes qu’il dédie à son prince. Devenu lieutenant général de La Rochelle, il quitte la ville en 1593, puis se convertit au catholicisme comme Henri III qui devient roi de France. Mais, mis en disgrâce, il s’établit à Bordeaux où il meurt deux ans plus tard d’une pleurésie.

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Jean de Sponde, photo Wikipedia

Monsieur de Tréville :
ou comte de Trois-Villes. Il s’agit en fait d’Arnaud-Jean du Peyrer, devenu capitaine des Mousquetaires, et dont Alexandre Dumas s’est inspiré pour son roman. Cet homme, au destin peu commun, fils de riches marchands drapiers d’Oloron, né en 1598 dans cette ville, s’engage dès l’âge de 17 ans, dans les armées du roi. Il se fait remarquer par ce dernier, pour sa bravoure et son habilité dans les nombreuses attaques (Montauban, Rouvroy) et les sièges (Soissons, La Rochelle). En 1634, à 36 ans il devient capitaine-lieutenant du corps des Mousquetaires. Après avoir gravit tous les échelons de la hiérarchie militaire, il épouse une riche héritière, Anne de Guillon. En 1639, Louis XIII à court d’argent met en vente les terres royales de Soule. Les États considèrent que ces terres communes sont biens indivis de la communauté souletine. Trois-Villes les achète aux enchères en 1640 , et se met de ce fait à dos, les représentants des États.
En 1642, il est compromis dans le complot de Cinq Mars contre Richelieu, il est alors banni de la Cour. Le cardinal meurt peu après, et le roi le rappelle. À la mort du roi en 1643, sa veuve Anne d’Autriche, lui accorde le titre de comte de Trois-Villes grâce à l’achat de terres nobles de son père à Trois-Villes, dont le château d’Elizabea, qu’il avait complété avec la dot de son épouse, par des terres royales : la baronnie de Montory, les villages de Laguinge, Restoue et Athéry et plus tard la baronnie de Tardets. Ne s’entendant guerre avec Mazarin qui dissout en 1645, la compagnie des mousquetaires, il accepte quelques titres honorifiques, dont celui de gouverneur de Foix. Puis se retire dans ses terres. C’est alors qu’il se fait construire en 1660, le château, sur l’emplacement d’Elizabea, que nous connaissons actuellement à Trois-Villes. Il multiplie alors les impositions pour financer ses dépenses. Accablée, la population se soulève entraîné par le curé de Moncayolle connu sous le nom de Matalas. Trois-Villes aidé des troupes royales, écrase la rébellion dans la plaine de Chéraute. Matalas est fait prisonnier, puis décapité. Voir à « Matalas ». Le comte décède en 1672

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Monsieur de Tréville, statue  à Oloron-Sainte-Marie, sa vllle natale. Photo J. Omnès

 Matalas (Matalaz) : curé de Moncayolle de son vrai nom Bernard de Goyeneche.
En 1660, le roi poussé par Mazarin, supprime la vente des « terres royales », mais demande aux États de les racheter. Bien qu’opposés à cette vente de terres, les États les considérant comme appartenant à la communauté, ils s’endettent pour leur rachat. Par ailleurs, le capitaine-châtelain, Henri de Gramont, désirant reconstruire le château démoli par les saccages des huguenots durant les guerres de Religion, multiplie les impositions. La pression fiscale est telle que des révoltes éclatent aux cris de « À bas la gabelle ! ». Matalas envoie un délégué à Paris auprès du roi. Celui-ci laisse au Parlement de Bordeaux le soin de régler cette double affaire (biens indivis et révolte contre la pression fiscale). Les soulèvements se multiplient et Matalas recrute dans la paysannerie. Il se trouve à la tête de près de 5000 hommes, 6000 diront certains. Les « accapareurs » des biens communs, certains nobles et huguenots, sont pourchassés, le temple de Montory incendié. La réponse se fait sous la forme d’une terrible et rapide répression. Bordeaux envoie un corps d’armée, commandé par Bernard d’Arche, aidé par certains nobles locaux. Le 12 octobre 1661, l’armée hétéroclite de Matalas est défaite près de Chéraute. Matalas réfugié dans la maison forte de Gentein avec ses lieutenants est capturé. Sur l’intervention de l’évêque d’Oloron, Arnaud-François III de Maytie. Sa condamnation à être écartelé est commuée en décapitation (sort réservé aux nobles), sur l’intervention de l’évêque d’Oloron, Arnaud-François III de Maytie. Sa tête exposée sera dérobée par ses partisans. Les chefs de la rébellion seront inhumés, avec le corps décapité de Matalas, à l’église Saint-Jean-de-Berraute. Le roi accordera son pardon aux autres insurgés. Matalas entrera rapidement dans la légende des redresseurs de torts.


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 Maison de Matalas à Moncayolle. Photo de 1950
 
La dynastie des Bela.
Cette famille de confession protestante est originaire du Béarn, selon J. de Jaurgain, bien que certains membres prétendaient descendre des rois de Hongrie. La maison de famille, sise à Mauléon, est incendiée durant les guerres de Religion. Mais la dynastie s’est surtout illustrée au XVIIIe siècle, grâce à Jeanne-Philippe, dit le chevalier. Quatrième fils des six enfants du patriarche Jacob, il est né à Mauléon en 1709. Officier d’artillerie, il se met au service du roi de Suède, Stanislas, et participe au siège de Dantzig où il est fait prisonnier par les Russes. Après s’être évadé et avoir soutenu à nouveau son protecteur à Koenisberg, il rentre en France, devient un des agents secrets de Louis XV, et combat auprès du maréchal de Belle-Isle lors des campagnes de Bavière et de Bohème. Entré chez les hussards, avec le titre de lieutenant-colonel, il est chargé en 1745, de former un régiment de troupes légères composé de Basques. Ce corps d’armée, appelé Cantabres volontaires pour devenir le Royal Cantabre est probablement à l‘origine des Chasseurs basques de l’époque révolutionnaire. Parti à nouveau en Suède, il devient en 1747, capitaine-commandant d’une compagnie de gardes du corps du roi. En 1751, il construit près de Chambord, un superbe château, dit des Colliers, pour sa maîtresse de l’époque, puis arrête toute activité militaire vers 1767, pour venir vivre à Pau, où il décède en 1796. En 1785, le Béarnais, Barthélemy-Jean-Baptiste Sanadon, évêque constitutionnel et député des Basses-Pyrénées de la Convention, avait édité, d’après les papiers du chevalier, l’Essai sur la noblesse des Basques (1).
(1) Imprimerie J-P Vignancour-Pau.

Pierre Topet-Etxahun de Barcus (1786-1862). Poète maudit, souvent dénommé le Villon du Pays Basque, Pierre est né dans la ferme Etxahunia, entre Barcus et Tardets. Son enfance fut malheureuse. Déshérité, repoussé par ses parents, marié de force, sa femme le trompe. Il blesse un jour, à coup de hache, un créancier et se retrouve en prison pour cinq ans. À sa sortie, on le soupçonne d’avoir blessé un rival qui tournait autour de son épouse. Il doit s’enfuir et mène une vie d‘errance en partant pour Rome. De retour, il essaye de reconstituer sa fortune et ses propriétés. Accusé de faux en écriture, il s’enfuit en Espagne mais se trouve condamné aux travaux forcés par contumace, mais n’en fait que deux à Agen. Libéré à 61 ans, après une errance en Soule et une réconciliation familiale, il meurt en 1862, sur le züzülü d’Etxahunia. Sa vie tumultueuse a été à l’origine de magnifiques poèmes autobiographiques, proches de cris de révolte, de rancune et de douleur. Son œuvre a été publiée en 1970, par le conservateur du musée basque de Bayonne. Il a été également le héros d’une pastorale jouée à Barcus.

Augustin Chaho né en 1811 à Tardets. C’est l’une de figures emblématiques de l’émancipation basque. Il se lance à Paris dans la vie littéraire à 19 ans et participe à de nombreux ouvrages, tant en langue française, qu’euskarienne. Prenant parti en 1834 et 1835 pour les Carlistes, dans leur défense des fueros (fors), il entre alors lentement en politique active, par le biais du journalisme. Socialiste révolutionnaire, il défend les thèses anticléricales et anticapitalistes. C’est tout naturellement qu’il prônera l’union et l‘indépendance du Pays Basque et l’enseignement de la langue euskarienne. Il est enterré à Bayonne.

Jean de Jaurgain : père du drapeau basque. Né en 1842 à Ossas, il est le descendant d’une vieille famille aristocrate. Devint rapidement expert en héraldique et les vieilles familles n’hésitaient pas à lui commander des recherches sur les blasons de leurs ancêtres ou des commandes d’arbres généalogiques. C’est tout naturellement à lui que le maire de Saint-Jean-de-Luz, en 1897, fit appel lors de l’organisation d’une fête en l’honneur du peuple basque, pour réaliser un emblème « national ». Jean de Jaurgain réalisa ainsi le blason des sept provinces, deux ans après la création du drapeau national basque ou ikurrina par les frères Sabino et Luis Arana. Il décéda en 1920, à Ciboure. Il est enterré au cimetière marin.
Ossas Château Jaurgain
Ossas château de  Jaurgain. Photo J. Omnès

(1) Auteur de La Vasconie, le livre de référence. Épisodes de la guerre civile de Navarre et Nobiliaire de Béarn.

Pierre Bordaçarre-Etxahun (Etchahoun) : Trois-Villes est depuis 1908, la patrie d’Etxahun (Etchahoun) dit Hiru-Hiri, poète auteur de pastorales célèbres. Il maniait la rime tant basque que française avec aisance et talent. Très prisé dans les banquets des noces locales, il devint célèbre vers 1946, par ses poèmes : « Agur Xiberoa » et « Ama ». La même année, il devint à Hasparren, le meilleur des bertsularis basques (1). Sa célébrité s’accrut en 1953, avec sa première pastorale dédiée à son prestigieux aîné, Etxahun de Barcus. Il passa le restant de sa vie à traduire en chansons, la vie locale des paysans et des bergers et à multiplier les pastorales à succès. La dernière de son vivant, jouée à Tardets, fut Ximena.
Décédé en 1979, une stèle à côté du fronton de Trois-Villes est dédiée à sa mémoire.
(1) Chanteur de poèmes improvisés sur un thème donné, généralement dans des concours où les compétiteurs, deux par deux, se répondent par un jeu de moqueries réciproques.
Etxaoum

Le père Pierre Lhande : sa famille est originaire de Sauguis-Tardets-Haux. Né à Bayonne en 1877, après un passage au séminaire de cette ville, il fut ordonné prêtre dans la Congrégation de Jésus en 1910. L’univers basque la fortement marqué. Après la rédaction d’un dictionnaire français/basque, il s’intéressa à la banlieue parisienne et au milieu ouvrier. De cette expérience, il écrivit : Le Christ dans la banlieue ou enquête sur la vie religieuse dans les milieux ouvriers de la banlieue de Paris. Il est surtout connu comme pionnier de la prédication téléphonique. Dès 1927, il fut l’initiateur de la première émission catholique sur Radio Paris. Il est mort en 1957, à Tardets-Sorholus, après avoir écrit un certain nombre d’ouvrages dont : des romans : Mirentchu. Les lauriers coupés, des prédications : Les pauvres dans l’Évangile, De Bethléem au Golgotha, et des sujets locaux : le Pays Basque en vol d’oiseau, Basque français et Français basque. Il est l’un des 12 fondateurs de l’Académie de la langue basque (Euskaltzaindia), en 1919. Il représentait la Soule.




                                                        CONTREBANDIERS ET CONTREBANDE


L’existence du royaume de Navarre à cheval sur les Pyrénées, a donné aux Basques l’habitude de traverser à tout propos ces montagnes, sans aucune formalité. Lors du tracé des frontières entre l’Espagne et la France en 1659, sous Louis XIV, puis lors du déplacement des douanes espagnoles de l’Ebre aux Pyrénées en 1717, il devenait inconcevable pour les nouveaux frontaliers de devoir payer des droits quelconques pour passer d’un côté à l’autre des montagnes. Par ailleurs les lies et passeries avaient permis aux bergers depuis des générations, de faire paître leurs troupeaux sur les terres du Sud, en Navarre ou en Aragon. De plus, pour favoriser les passages des marchandises et des hommes, les Navarrais avaient parsemé les chemins muletiers de fermes-auberges ou ventas où l’on trouvait de tout et où l’on pouvait se reposer et faire un repas. Ils furent imités par leurs confrères du Labourd et de la Soule. Ces ventas, de par leur situation excentrée sont devenus naturellement des relais de contrebandiers. Elles permettaient aussi au bon père de famille française, d’acheter des produits « détaxés » comme le tabac et l’alcool. Le reste des marchandises passait dans les deux sens non loin : chevaux, allumettes, café, tissus vers l’Espagne ou porcs, meules de moulin, enclumes, marteaux de portes et ferronneries diverses, à dos de mules vers la France. Les douaniers ou commis, avaient fort à faire, surtout lorsque les contrebandiers se servaient d’animaux de trait ou de bat en observant de loin. Les douaniers passaient des jours et des nuits avec leur lit de campagne ou « lit embuscade », en pleine nature. Assez conciliant pour la petite fraude des frontaliers « pacotilleurs », ils s’acharnaient surtout sur les passeurs professionnels qui étaient rarement pris, mais dont la marchandise confisquée était par la suite vendue aux enchères. La grande contrebande, proche de la contrebande d’État, a surtout pris naissance lors de la première guerre carliste en 1833, où il fallait fournir aux défenseurs des fueros, tout le matériel (armes, chevaux…) nécessaire au prétendant au trône d’Espagne. Lorsque le sous-préfet de Mauléon s’en inquiéta, le Ministre de l’intérieur lui fit remarquer que cela faisait travailler l’économie locale. Peut-être pensait-il que c’était un juste retour des choses. En effet, déjà au XVIe siècle, vers 1570, Henri III de Navarre, le futur Henri IV, bénéficia des armes, poudre et chevaux des Aragonais de Bielsa, vendues au Gascon pour financer leurs guerres contre Philippe II.

La création de l’Europe a vu la disparition progressive de la contrebande d’État et de la contrebande classique à l’exception surtout de celle des cigarettes beaucoup moins chères en Espagne. Celle-ci s’est modernisée et amplifiée, au grand dam des buralistes de l’Hexagone.

Un des contrebandiers basques les plus populaires, fut au XIXe siècle, Ganix de Macaye (Labourd). Il mit sa connaissance des chemins muletiers au service de la cause carliste en aidant les partisans de don Carlos y compris sa fiancée, à passer clandestinement la frontière vers la France. Leurs descendants firent passer les déserteurs de tous poils, les Républicains vers la France et quelques années plus tard, les évadés et les Juifs vers l’Espagne.





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