haut-la-soule-le-guide

Histoire du Pays de la Soule
 
 


                                                    PREHISTOIRE-PROTOHISTOIRE-HISTOIRE


L'histoire de la Soule s’imbrique intimement avec celle de la Vasconie, de la Navarre, l’Aquitaine, de l’Angleterre, et de la France. Elle est tourmentée et riche en évènements, grâce au fort désir d’indépendance de sa population et de sa résistance aux différents envahisseurs. Cependant, les grands flux d’invasion, les conquêtes de territoire, les pèlerinages et les pillages et saccages des guerres de Religion, bien que réels, avaient plutôt tendance à passer chez ses voisins : le Béarn et la Navarre (Basse-Navarre) du fait de la plus grande richesse de ces régions et des passages naturels plus accessibles pour atteindre l’autre versant des Pyrénées : le Somport en Béarn et le col de Roncevaux en Navarre. Par ailleurs, la vallée de la Soule était une véritable forteresse tant par ses montagnes au sud, ses forêts et massifs inhospitaliers à l’ouest que le verrouillage du pays par la motte de Mauléon au nord où de tout temps s’élevèrent des fortifications.
Nous avons opté pour le principe des repères chronologiques, doublés de commentaires. Ce principe devrait faciliter le suivi et la compréhension. Nous avons mis en caractères gras, les villes et évènements concernant directement la Soule.

Repères commentés

Riche en grottes et gouffres dans sa région karstique, couverte de forêts longeant un gave poissonneux et proche du cami salié, la Soule a abrité, depuis l’aube des temps, des hommes qui ont trouvé tout naturellement refuge et nourriture abondante. Son territoire s’inscrit dans la civilisation franco-cantabrique qui s’étendait de la Dordogne aux Asturies, en passant par l’Ariège. Pour les détails et illustrations, voir les cantons concernés.
 
Préhistoire 

= Le Paléolithique ancien (des origines à - 100 000 ans)

L’ancienneté de l’occupation humaine en Soule nous est révélée par les trouvailles d’outillages de silex et de quartzite, ramassés dans les labours des terrasses glaciaires du Saison et sur les flancs des collines du Flysh. L’Acheuléen supérieur (-300 000 à-100 000 ans), culture de l’Homo erectus, est attesté.

= Le Paléolithique moyen (-100 000 à - 35 000 ans)

L’Homme de Néanderthal est présent en Soule, en surface, sur les collines du Flysh, et, sous terre, dans certaines grottes des Arbailles. Les principaux gisements moustériens se trouvent dans les grottes Hareguy à Aussurucq et Gatzarria à Suhare, où l’outillage lithique, avec bifaces et hachereaux, est enrichi, grâce à la conservation de l’os, par de l’outillage en os (poinçons, spatules…), et la présence de la faune consommée par ces chasseurs.

= Le Paléolithique supérieur (- 35 000 à - 10 000 ans)

L’homme actuel, Homo sapiens sapiens, est naturellement présent dans la région. Son habitat, bien conservé dans les grottes, comme dans celle de Gatzarria, nous montre des restes de sa vie quotidienne (outils en pierre et os, éléments de parures, objets décorés, œuvres d’art, reliefs culinaires…). Ces couches d’occupation illustrent plusieurs milliers d’années de présence, soit des plus anciens aux plus récents : Castelperronien. Aurignacien, Gravettien, Solutréen, Magdalénien et Azilien.

Dans la grotte Hareguy, quelques vestiges, plus récents que le Gravettien, sont représentés par de l’outillage lithique et osseux (pointes de sagaies, aiguilles, à chas), des objets de parure, comme des dents percées, une plaquette gravée d’une possible biche, et naturellement des restes culinaires. Le tout attribué au Solutréen.
Curieusement, la Soule ne connaît pas de riches sites d’occupation du Magdalénien, comme les proches bassins glaciaires d’Arudy (Espalungue, Saint-Michel), ou de Lourdes (Espélugues-Calvaire).
Par contre, trois grottes nous montrent les qualités culturelles de cette civilisation magdalénienne. Les grottes sanctuaires, possibles lieux d’initiation et de culte, sont :

- Etxeberriko Karbia à Camou-Cihigue, où à près de 150 m de l’entrée, on y découvre des figurations pariétales, peintes et gravées, d’une quinzaine de chevaux, de deux bisons, de deux bouquetins, ainsi que des signes digités (1). Les peintures de ces œuvres, rappelant celle de la grotte de Labastide (H-P), sont faites d’ocres diverses (du jaune au rouge), de noir de manganèse ou de charbon et d’argile ; les traits sont incisés au silex.
(1) Faits avec l’extrémité des doigts.

- Sasiziloaga Karbia (Chachi Chiloaga) à Aussurucq,où deux silhouettes de bisons dessinés à l’ocre et au manganèse, se trouvent dans le boyau terminal.

- Sinhikoleko Karbia à Camou-Cihigue,où au fond de la grotte est peint un cheval au contour noir et à la tête rouge, de grande taille. Il est accompagné de deux bisons noirs, au trait. 

= Le Mésolithique (- 10 000 à -7 000 ans)

Au Postglaciaire, le réchauffement climatique fait migrer vers le nord, mammouths, rhinocéros laineux et autres rennes. La forêt se développe avec l’humidité, favorisant le développement des populations de cerfs, chevreuils, et sangliers. C’est cette humidité qui permet aussi l’explosion des populations d’escargots, qui fourniront un alimentation régulière à certaines populations de chasseurs-collecteurs : de quoi former avec les coquilles consommées, des escargotières de plusieurs mètres de haut (Poeymau en Haut-Béarn). L’outillage sauveterrien de ces mésolithiques (7 000 ans) se caractérise par sa petitesse : des outils microlithiques en silex, de la taille d’un demi-ongle. 

= Le Néolithique (-6 000 à -2 300 ans av. J.-C.) ou Âge de la Pierre polie.

Peu de choses découvertes, hormis quelques trouvailles éparses de haches polies. Cette période voit la mise en place de l’agriculture et de l’élevage, avec la création de la poterie (inutile chez les chasseurs itinérants).

Les rites funéraires à l’Holocène (Néolithique-Âge du Fer)

En montagne, une dizaine de cavités ont servi de sépulcres à ces hommes de l’Holocène ; comme celle d’Amélestoy à Larrau, ou celle d’Elzarreko Karbia. En altitude, et plus généralement en plaine, les mêmes hommes ont construit des sépultures mégalithiques de type dolmen, du Néolithique final à l’Âge du Bronze, comme Ithé I à Aussurucq, où une cinquantaine de morts, au moins, ont été regroupés dans ce monument durant un millénaire. Il s’agit d’inhumation. La crémation semble apparaître à l’Âge du Bronze : elle serait attestée dans les deux dolmens d’Ithé et dans quelques grottes sépulcrales. Elle se développera exclusivement dans des talus funéraires (tumuli) de l’Âge du Fer, recouvrant des cercles de pierres, au centre desquels, sont disposés des urnes cinéraires accompagnées d’objets du mort.

 = Le Chalcolithique (-2 300 à -1 800 ans av. J.-C.)

De rares objets en cuivre (alènes) sont présents dans le dolmen d’Ithé II, dans une couche datée de 2880-2305 av. J.-C. ; ils sont associés à des vases campaniformes, des V-boutons (1) et des pointes de flèches en silex.

(1) Boutons à trous en forme de V. 

Protohistoire ou Âge des Métaux

Avant l’arrivée des Romains, les Aquitains protobasques avaient une certaine unité culturelle et cultuelle.

 = L’Âge du Bronze (-1 800 à -700 av. J.-C.)

C’est toujours dans le dolmen d’Ithé II, monument plein d’enseignement que du mobilier funéraire (anneaux de bronze, vases à décor digité et ungual (1) est daté de 2 360 à 1 665 av. J.-C. De cette période, sont aussi datés, le coffre dolménique de Bagargé et le tumulus-cromlech de Millagate 5.
(1) Faits avec l’extrémité des doigts ou avec les ongles.

= L’Âge du Fer (-700 à -52 av. J.-C.)

Les deux phases de cette période sont présentes, mais pratiquement peu étudiées en Soule. Des camps défensifs, de hauteur, ou gatzellus, sont reconnus. En l’absence de fouilles sérieuses, ils sont attribués classiquement à un habitat pré-romain. Les nécropoles se trouvent en contrebas, elles regroupent des tertres funéraires protégeant des urnes cinéraires.
On peut évoquer aussi des tertres pastoraux, comme ceux d’Igelu à Larrau, qui ont pu servir de protection au bétail. Ces abris, ancêtres des cayolars, étaient utilisés par les bergers lors de leur séjour en estive.

                                                                        Histoire

L’importance des alpages, des forêts et des terres communes ont entraîné la population souletine habituée à de dures conditions de vie, d’avoir un esprit d’indépendance assez fort. Aussi, durant son histoire les divers suzerains navarrais, béarnais, anglais et français, portèrent leurs efforts de conquête surtout sur le domaine public, les hommes étant francs

LES ROMAINS

= 72 avant J.-C. quelques troupes de Pompée séjournent en Vasconie, et fondent Pampelune (Pompaelo). Soucieux de protéger les voies d’accès vers la Vasconie, elles transforment l’oppidum de Saint-Bertrand-de-Comminges en base militaire. Chaque vallée pyrénéenne, à pour les Romains, une appellation et un peuple : celle du Saison ou Subola est peuplée par les Sibyllates. La région devient le pagus (1) Solensis.
(1) On peut traduire par canton.

= 58-56 avant J.-C. à 419 : Jules César apprend le déplacement prochain de tribus helvètes vers les rives de la Garonne, riches en blé et porte d’accès aux mines d’or légendaires des Tarbelles (Dax). Il ne peut laisser les farouches ennemis de Rome, devenir voisins de la Province narbonnaise ou Septimanie Il envoie, son lieutenant Crassus. Ce dernier traverse la Garonne à Agen. Après de rudes combats contre les peuples aquitains ligués aux Ibères et aux Vascons pour résister à l’envahisseur, il les bat à Bigaar près de Tartas. La région devient romaine.

= 27 avant J.-C. Massala termine la conquête de l’Aquitaine, les Basques sont refoulés vers les montagnes. La pax romana stabilisée, une ère de prospérité s’ouvre pour l’Aquitaine. Le réseau routier se développe et le commerce prend son essor. Sur la route de Roncevaux est édifiée une tour-monument à Urkulu, commémorant les conquêtes de Rome dans la région. En fait, les Romains sont plus intéressés par les richesses de l’Ibérie, dont les minerais de fer, que celles de l’Aquitaine qui reste surtout une voie de passage obligée.

= Vers 13 avant J.-C. grâce à une meilleure connaissance des tribus vaincues, Auguste de passage à Aqua Tarbellicae (Dax), crée une province romaine Aquitaine. Elle représente alors un vaste territoire qui va de la Loire aux Pyrénées.

= Vers 280, sous Dioclétien, la province aquitaine est divisée en trois et une partie, la plus importante, obtient une certaine autonomie sous le nom de Novempopulanie (le pays des neuf peuples. (Voir encadré ci-après). Elusa (Eauze) devient sa capitale civile et religieuse (adoration de Mithra). Le Pagus Solensis qui deviendra le Pays de Soule dépend alors d’Iluro (Oloron) le pays des Iluronenses. Il le restera longtemps sur le plan religieux, alors que civilement, il dépendra d’Augusta Auscorum (Auch).

= Du IIIe au IVe siècle : romanisation des peuples occupés, fondation de villae et développement des villes existantes devenues romaines, dont Bayonne, Benearnum (Lescar), Iluro (Oloron-Goès), Aqua Tarbellicae (Dax). Augusta Auscorum (Auch). Tracé des grandes voies et des chemins suivant généralement les anciennes voies protohistoriques de transhumance et le cami salié. La route de Roncevaux, à l’ouest de la Soule, devient la principale voie romaine transpyrénéenne avec celle de Bordeaux à Astorga, dans le Léon, en Ibérie. Développement de la culture du mil, du froment, du blé, de la vigne… exploitation du sel, des pierres sculptées à sarcophage, du bois et des marbres… De nombreux bateaux et radeaux chargés de marchandises se dirigeant vers Bordeaux sillonnent fleuves et gaves. De cette époque, il nous reste l’inscription sur le mur de la chapelle de la Madeleine Voir à « Tardets » et le trésor de Barcus.

Entre 300 et 400 : évangélisation de l’Aquitaine des villes avec Saint Saturnin et Firmin disciple de Saturnin. Celle de la Soule est plus tardive.

Ve SIECLE : LES GRANDES INVASIONS DES « BARBARES » ET ARRIVÉE DES WISIGOTHS

= Ve siècle : fin de la période romaine. Début des grandes invasions. Les « Barbares » se succèdent : Vandales (406), Alains et leurs cousins Suève, puis les Wisigoths.

= 412 : prise de la Novempopulanie par les Wisigoths. En 418, ceux-ci s’installent durablement en Novempopulanie, obtiennent de Rome un foedus qu’ils briseront vers 465, afin d’assurer leur indépendance complète. Toulouse devient capitale. Les Wisigoths perpétuent la culture latine et le droit romain écrit. Ils sont chrétiens arianistes et s’opposent aux chrétiens romains (nicéens).

= 472 : conquête par Euric (Évaric) du Pays Basque et de Pampelune, sa capitale, par les Wisigoths. Leur empire se développe entre germanité et romanité (bréviaire d’Alaric).

= 476 : chute de Rome et de l’Empire romain d’Occident. Date considérée comme représentant symboliquement la fin de l’Antiquité et le début du Moyen Âge

= VIe-VIIe siècles : christianisation de la Soule et de l’Aquitaine des campagnes par saint Martin et disparition progressive de l’arianisme par conversion malgré les persécutions d’Euric. Elles prendront fin avec son fils Alaric II et son Bréviaire.

= 506 Le premier évêque d’Oloron saint Grat (né semble-t-il à Lichos mais, qui pour certains auteurs était originaire de la Soule), pourfendeur de l’arianisme des Wisigoths, défendra le christianisme nicéen (catholicisme) au concile d’Agde en 506.

La double appartenance de la Soule à Dax (civile) et à Oloron (religieuse) va lui permettre une plus grande liberté vis à vis de l’appétit de ses voisins.

VIe SIECLE : ARRIVEE DES FRANCS - FIN DE LA DOMINATION WISIGOTHE

= 507 : victoire du Franc, Clovis Ier, avec l'aide des Gallo-Romains, sur les Wisigoths d'Alaric II, à Vouillé. Les Francs s’installent, conquièrent Pampelune en 541, poussant les Wisigoths vers le sud de l’Ibérie qu’ils avaient auparavant en partie conquise. Ils y constituent le Royaume de Tolède. Mais garderont cependant quelques temps la Septimanie (Narbonne et ¨Perpignan).

= 511 mort de Clovis : partage de l’Aquitaine, ancienne Novempopulanie, entre ses quatre fils. Troubles dus aux successions difficiles.

VIIe SIECLE : PRINCIPAT DE VASCONIE- LES MÉROVINGIENS

= Vers 580 : au-delà des Pyrénées, les Vascons (Basques) et les Ibères non latinisés profitent du désordre en Aquitaine pour l’envahir. Probablement chassés vers le Nord par les Wisigoths, ces Vascons atteignent Bordeaux. La région prend le nom de Wasconia (ou Vasconie francisée en Gasconie). Certains auteurs pensent que les Vascons étaient déjà là quand les Romains envahirent la région. La Soule y joue un rôle de place forte défensive.

= Vers 602 : création du duché (Principat) de Vasconie ou Wasconia.

Émergence de hauts dignitaires wascons ou patrices aux noms romanisés. Ces princes, ducs et autres seigneurs forment une puissance face aux pouvoir mérovingien puis carolingien. Ils forment une armée dotée d’une bonne cavalerie.

= Clovis et sa descendance mérovingienne s’installent en Aquitaine avec Clotaire, Dagobert et Charibert (Caribert), son frère cadet. Les Vascons doivent se soumettre.

= 631 Charibert épouse la fille d’un duc vascon et devient roi de Vasconie.

À la mort du conseiller de Charibert (assassiné, par Dagobert) puis de Charibert lui-même, Dagobert avec son « lieutenant » d’Arimbert envahit la Vasconie.

= 635-638 : Dagobert et d’Arimbert répriment un soulèvement vascon, pillages et massacres.

= 635-636 : les Vascons avec les Souletins se vengent et battent les troupes franques du duc d’Arimbert, dans la vallée du Saison (vallis Subola). Luttes intestines et de succession se multiplient, surtout au décès de Dagobert et de d’Arimbert, tant chez les Vascons que chez les Francs mérovingiens.

Précisions historiques

La province de Novempopulanie qui comprenait d’après César, à l’origine neuf peuples, devint rapidement après une étude plus approfondie grâce à Pline et Stratbon, une province de douze peuples ou Aquitaine III, qui eut respectivement Lugdunum Convenazrum (Saint-Bertrand-de-Comminges), Eluza (Eauze) puis Elimberris (Auch) pour capitale. Elle était au limitée au nord par l’Aquitaine des Celtes ou Aquitaine II avec Bordeaux pour capitale. Mais elle garda son nom. En effet, vers l’an 400, y furent ajoutés d’après la Noticia Provinciarum Impereii, les Iluronenses (Oloron), les Venarni (Benearnum-Lescar) et les Vasates plus au nord (Bazas). Ces peuples aquitains ne se sont jamais sentis proches des Gaulois. Le soulèvement de la Gaule contre les Romains ne les a pas concernés. Malgré les Pyrénées, c’est surtout vers le Sud et les Ibères, que leur regard a été pendant longtemps tourné.
Les Wisigoths sont les Goths installés à l’ouest de l’Europe alors que les Ostrogoths sont des Goths qui s’établirent à l’Est (Italie). Malgré l’exactitude géographique de cette affirmation, la traduction serait fausse, car due à une traduction tardive de l’allemand Wesgoten. En fait, Wisigoth signifierait Goth sage, vaillant ; traduction du mot wisu en goth. Curiosité linguistique, wise signifie sage en anglais.

(1) Tarbelles, Elusates, Convènes, Ausques, Consoranni, Lactorates, Boiates, , Begirrones, Osquidates.

VIIIe SIECLE : MENACES BERBERO ARABE PUIS CAROLINGIENNES

= Vers 700 : la Vasconie qui s’étend des Pyrénées à la Loire prend pour chef Odon (Eudes).

= 721 : Odon (Eudes), duc d’Aquitaine, arrête l’incursion arabo berbère à partir de la Septimanie, à Toulouse. Mais il est battu 10 ans plus tard à Bordeaux. Seul, le Franc Charles Martel les arrête un an après (732), plus au nord, à Sepmes (près de Poitiers), Eudes participe cependant à la bataille. L’incursion arabe se replie en Espagne.

= 735 : à la mort de Eudes, Charles Martel envahit l’Aquitaine qui était devenue sa vassale après la bataille de Sepmes.

= 751 : luttes du Franc carolingien Pépin le Bref contre les Vasco-Aquitains Uhnaud (Hunald) et Waïfree.

= 768 : les Vascons se soumettent à Pépin le Bref.

= 778 : apogée de la lutte des Francs carolingiens contre les Vascons. Roland, neveu de Charlemagne, est tué à Roncevaux au col de Cize (Roncevaux), à son retour du saccage de Pampelune. Charles se venge soumet le duc Sanche Ier et colonise la région.

MILIEU IXe SIÉCLE, ÉPOQUE CAROLINGIENNE

= 781 : le tout jeune Louis, 3 ans (qui deviendra le Pieux), troisième fils de Charlemagne est sacré roi d'Aquitaine par son père. Le pays s’étend des Pyrénées au Massif Central et à la Loire. Il a deux capitales Toulouse et Bordeaux. Mais les montagnards de Soule et des Pyrénées résistent, l’identité vasconne se maintient, ceux du Nord se soulèvent

= 814 : mort de Charlemagne, empereur carolingien d'Occident. Démembrement de l'Empire entre ses fils.

= 817 : Pépin Ier petit -fils de Charlemagne et fils de Louis, règne sur l’Aquitaine, Le pouvoir des Carolingiens en royaume d’Aquitaine tombe lentement en déliquescence.

NAISSANCE DU ROYAUME DE NAVARRE- DUCHE DE GASCOGNE

= 820  : afin de lutter contre les Francs carolingiens et les Arabo-berbères, les Basques s’unissent et forment le royaume dit de Pampelune en824, avec pour capitale Pampelune. Il ne prendra le nom de Navarre qu’en 1178. Le premier roi en aurait été Iñigo Arista (Eneko Aritza). Louis le Pieux lui reconnaît le gouvernement de la Vasconie. Ce territoire oscillera durant des siècles, entre suzeraineté et vassalité, en fonction des alliances et des mariages. Jusqu’à ce qu'il soit intégré au royaume de France.

= 843 : Charles II le Chauve, fils cadet et bien aimé de Louis le Pieux devient roi des Francs. Pépin II, son frère dépouillé, envisage la reconquête de l’Aquitaine ; mal lui en prend, il est fait prisonnier par Sanche Mitarra et est livré à son frère qui lui reconnaît le titre de duc de Gascogne en 852.

LES INCURSIONS NORMANDES

= 844-982 : les Vikings installés à Bayonne multiplient les raids en remontant fleuves et rivières. Ils détruisent Benearnum (Lescar) et Iluro (Oloron). L’Aquitaine est pillée. Les Carolingiens ne peuvent plus intervenir.

= 864 : mort de Sanche Mitarra

La déliquescence d’un pouvoir central entraîne la multiplication des petits pouvoirs autour des châteaux forts qui se multiplient.

= 961 Guillaume Sanche (Guilhem Sants) « seigneur de toute la Vasconie » (Gascogne) petit-fils de Sanche Ier lutte contre les Arabes et bat les Normands à Taller en 982, près de Castets, reconstitue l’Aquitaine de César et devient duc de Gascogne. Il épouse Urraca, sœur du roi de Pampelune (Sanche II Abarca) et héritière de l’Aragon. Il devient le rempart contre les royaumes arabes de l’Ibérie.

= 1004 : Sanche III le Grand - Antso Handia (1004-1035), Sous son règne, la Navarre connaît sa plus grande expansion. À la fin de son règne, ses États englobent presque toute l’Espagne chrétienne, plus la Gascogne. Celle-ci est divisée en trois parties. L’une d’elle, la Gascogne occidentale avec la Soule, le Labourd, les Landes et la Chalosse est attribuée en 1009, à Sanche Guillaume (Santz Guilhem), son petit cousin devenu son vassal. Ce dernier prend le titre de duc Gascogne.

XIe-XIIe SIECLES : LA VICOMTÉ DE SOULE (1002-1307) – L’INFLUENCE NAVARRAISE PUIS BÉARNAISE

Une vicomté souletine semble s’être dessinée probablement avec Athon vers l’an mille, mais c’est Guillaume Dat qui le premier, est mentionné dans un cartulaire en 1017, comme vicomte de Soule, vassal du duc de Gascogne.

L’administration souletine s’organise autour des dix maisons nobles dont les titulaires s’appellent potestats. Ces potestats souletins sont alors les seigneurs des Domecs de Lacarry, Chéraute, Ossas, Sibas et du Bimeinh de Domezain, d’Amilchagun, d’Etcharry, de Gentein, d’Orcharp, de la Salle-de-Charritte-de-Bas, d’Espès, et d’Olhaïby.

= 1023 : acte officiel de Sanche IV Guillaume, duc de Gascogne (cousin de Sanche III le Grand, roi de Navarre). Il érige la Soule en vicomté (1). Raymond Guillaume Fort succède à Guillaume Dat, il sera suivi de Raymond Guillaume (dit Salamace)vers 1030. Ce dernier comme ses successeurs, n’impose aucune servitude, tant sur les terres que sur les hommes. Mais les pouvoirs de la vicomté sont rapidement grignotés par les puissants vicomtes du Béarn, les Centulle devenus comtes de Bigorre et vicomtes d’Oloron, voisines de la Soule.

Les pèlerinages vers Saint-Jacques se multiplient. Ostabat devient le grand centre de ralliement des Jacquets et si le col de Roncevaux (et du Somport) reçoit le passage du plus grand nombre de pèlerins, certains passent par la voie secondaire du col de Larrau après Sainte-Engrâce.

(1)    Ce fief recouvre pratiquement l’ancien pagus Solensis romain.

= 1058 : en Gascogne-Aquitaine, après la mort de Centulle IV, vicomte de Béarn et d’Oloron, tué par les Souletins, se succèdent en Aquitaine, Guillaume VIII Guillaume IX et Guillaume X, père d’Aliénor d’Aquitaine.

= 1085 : Guillaume Fort II, devient vicomte de Soule, il le restera jusqu’en 1120 avec un bref passage d’une occupation de 1086 à 1090 du vicomte de Béarn Centule le Jeune V (1090 : mort de Centule). Mais, sa suzeraineté fut en partie prolongée jusqu’en 1105.

= 1120-1150 : sous les vicomtes Gassion et Auger Ier, son fils, les Navarrais avec leur roi, Alphonse le Batailleur, renforcent les défenses du château de Mauléon.

XIIe SIECLE LA SOULE DANS LA MOUVANCE ANGLAISE

= 1150 : Aliénor, duchesse d’Aquitaine, fille de Guillaume X, obtient la Soule et le Labourd qui étaient provinces vassales de la Navarre.

= 1152 : Aliénor, duchesse d’Aquitaine, de retour d’une croisade, épouse en secondes noces, Henri Plantagenêt, après avoir divorcé de Louis VII, roi de France.

= 1154 : Henri Plantagenêt, devient roi d'Angleterre sous le nom d’Henri II. La Soule avec l’Aquitaine devient vassale de l’Angleterre. Mais les résistances locales sont fortes contre la lignée des « rois-ducs ». Par ailleurs, Henri II à quelques difficultés de faire allégeance au roi de France, Louis VII pour l’Aquitaine de son épouse Aliénor. Les vicomtes de Soule gardent une certaine indépendance et continuent à gouverner.

AliénorAbbaye royale de Fontevraud, XIIe siècle. Gisants d'Aliénor d'Aquitaine (1204) et de son époux Hanri II, comte d'Anjou, devenu roi d'Angleterre (1189).

= 1170 : Bernard Sanche devient vicomte de Soule.

= 1194 : Sanche VII le Fort est roi de Navarre,

= 1204 : le roi de Castille, Alphonse VIII, qui vient d’épouser la fille d’Aliénor et d’Henri Plantagenêt, récupère la Gascogne et pénètre en Soule.

= 1212 : Sanche VII le Fort, roi de Navarre, s’allie à la Castille et à l’Aragon et défait le camp maure d’Aben Mohammed, dans la sierra Morena, à la bataille de las Navas de Tolosa. Les chaînes du camp retranché du Maure deviennent le symbole de ses armoiries.

= 1234 : fin de la dynastie basque sur la Navarre à la mort de Sanche VII le Fort. Son neveu Thibaud I de Champagne prend la succession.

= 1257 : mort du vicomte de Soule, Raymond-Guillaume V.

= 1259 : par le traité de Paris, Henri III d’Angleterre se reconnaît vassal du roi de France, Saint Louis, pour ses terres aquitaines. Elles prennent alors le nom de Guyenne.

LA SOULE VASSALE DE L’ANGLETERRE (1261-1449)

= 1261 : Auger III de Mauléon cède, forcé, ses droits (mais garde son titre) à Henri III d’Angleterre qui nomme des capitaines-châtelains rémunérés par ses soins et installés au château de Mauléon pour diriger la Soule. Ces capitaines-châtelains après achat de leur charge, sont responsable de la police et de la justice.

= Entre 1272 et 1287 : à la mort d’Henri III, le roi-duc Édouard Ier renforce sa place forte de Mauléon. Il se déplace dans cette ville en 1287, pour vérifier ses fortifications.

= 1295-1307 : Auger III refuse le service d’Ost dû à son suzerain Édouard Ier et reprend le château de Mauléon.

= 1299 : Auger III érige à Villeneuve-les-Tardets (Tardets-Sohorlus) en bastide, pour se protéger des Luxe et des Anglais.

= 1307 : le vicomte Auger III de Miramont cède définitivement ses droits familiaux et son titre sur la Soule au roi de Navarre, Louis le Hutin, qui les cède à Édouard roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine sur insistance de son père, Philippe le Bel, roi de France. Cela met un terme aux accords de 1261, jamais respectés par Auger, éprit d’indépendance. Il sera le dernier vicomte, mais la Soule conserve ses privilèges et une certaine autonomie.

= 1337 : début des guerres dites de Cent Ans pour un sujet de droit de succession entre la France de Philippe VI et l'Angleterre d’Édouard III. Ce dernier refuse de reconnaître la légitimité du roi de France. Philippe VI confisque le fief anglais d’Aquitaine. C’est le début du déclin du Moyen Âge axé sur les héritages de territoires par mariage et le point de départ de la naissance des nationalismes. La guerre entrecoupée de périodes de calme va durer jusqu’en 1453 (bataille de Castillon). Les rapports de vassalité s’estompent lentement.

= 1360 : par le traité de Brétigny, l'Aquitaine est livrée aux Anglais du Prince Noir, fils aîné du roi d’Angleterre Édouard III et de Philippine de Hainaut. Il hérite officiellement de la Soule (et de la Bigorre).

= 1363 : le Prince Noir devient prince d’Aquitaine et s’installe à Bordeaux.

= 1380 : avant cette date (date réelle inconnu) établissement d’une bastide à Mauléon par le parti anglais.

DÉCLIN DE L’INFLUENCE ANGLAISE – MONTÉE DE L’INFLUENCE BÉARNO-NAVARRAISE

= 1407 : fin de l'administration anglaise en Bigorre : le château de Lourdes est repris sur les Anglais et leurs vassaux, par le parti français du duc de Berry, avec l’aide des Barégeois.

= 1434 : Gaston de Foix-Grailly épouse Éléonore, héritière du roi de Navarre-Aragon Jean II. Il devient comte de Foix et de Bigorre (Gaston IV) et vicomte de Béarn (Gaston XI) en 1436. Jean II lui confie le gouvernement de la Navarre.

=1442-1453 : Gaston IV de Foix-Grailly (XI de Béarn), aide le roi de France, Charles VII, à reconquérir l’Aquitaine anglaise devenue Guyenne. Il reprend Tartas, Saint-Sever et l’Isle-en-Dodon sur les Anglo-Gascons.

= 1449 : prise de Mauléon et occupation de la Soule par Gaston IV de Foix Béarn et le comte de Dunois. Le pays est rattaché officieusement au Béarn qui fournit la dernière dynastie de Navarre.

= 1453 : Gaston IV et le comte de Dunois, reprennent sur les Anglo-Gascons, les villes de Dax, Bordeaux et Bayonne. À la dernière bataille de la guerre de Cent Ans à Castillon-la-Bataille, meurt le fils cadet de Gaston IV.

= 1461 : Mort de Charles VII, évènement de Louis XI qui réclame la Soule à Gaston IV de Foix-Béarn. Gaston se soumet à contrecœur et réclame des compensations financières pour se rembourser des frais engagés.

= 1462 : rencontre à Osserain, de Louis XI avec Jean II d’Aragon et Gaston IV de Foix. Voir le texte sur Osserain en Basse-Soule.

= 1463 : grande peste à Mauléon.

= 1465 : Louis XI cède officiellement la Soule à Gaston IV.

= 1472 : François Fébus (Phoebus), petit-fils de Gaston IV (XI) de Foix et d'Eléonore de Navarre, devient roi de Navarre par testament de sa grand-mère. Il se fait couronner à Pampelune en 1481. La puissance du Béarn est à son apogée. La principauté se permet, en 1484, de refuser à l'infant d'Espagne, la main de l'héritière du Béarn, Catherine, sœur de François, héritière de la Navarre, lui préférant un Landais, Jean d'Albret.

= 1484 : le Béarn, avec le comté de Foix et la Soule passent donc à la maison d'Albret. C'est la conséquence du mariage précité de Catherine de Foix-Béarn, reine de Navarre avec Jean III d'Albret, dit le faible (par son épouse). Les rois catholiques d'Espagne sont furieux et déclarent la guerre.

LA SOULE INCORPOREE AU ROYAUME DE FRANCE

= 1512 : Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille conquièrent la Navarre péninsulaire. Jean d'Albret et Catherine ne conserveront que les trois « minuscules » cantons de la Navarre Nord (Ultra puertos) : Saint-Jean-Pied-de-Port, Saint-Palais et Roncevaux. Les deux premiers prendront le nom de Basse-Navarre et Roncevaux de Haute-Navarre. La Soule moins quelques territoires au Nord-Ouest restés à la Basse-Navarre, est rattachée à la couronne de France de Louis XII.

= 1520 : François Ier fait rédiger la « Coutume de la Soule » en langue gasconne. Ses trente-sept chapitres sont censés ordonnancer la vie administrative et judiciaire de la province ainsi que régler la gestion des terres communes des pâturages.

= 1523 : prise de Sauveterre et de Navarrenx et ravage de la Soule et du Labourd par les troupes espagnoles de Charles Quint, commandées par le prince d’Orange, secondé par Jean de Luxe-Tardets.

GUERRES DE RELIGION
Les guerres de Religion favorisent les luttes ancestrales en Soule entre les familles de Luxe,  catholiques et de Gramont-Bidache, devenues protestantes.

= 1549 : la Réforme des calvinistes s’implante en Soule auprès des élites, des religieux et des nobles. Les écrits en langue gasconne, souvent en béarnais, sont peu accessibles à la masse bascophone. C’est l’année du premier procès du capitaine-châtelain Jean de Tardets contre des Réformés.

= 1559 : l’évêque d’Oloron, Gérard Roussel, est favorable aux idées nouvelles de la Réforme.

= 1561 : Jeanne d’Albret se convertit au protestantisme (calvinisme). Selon la tradition « cujus regio, ejus religio » le Béarn, la Bigorre et la Soule, dépendant du chapitre d’Oloron doivent se convertir. Certains nobles se convertissent, la campagne reste fidèle à Rome.

= 1563 : édit d'Amboise par Charles IX. Il permet aux calvinistes de s'assembler pour l'exercice de leur culte dans les villes en leur possession. Jeanne d’Albret envoie à Genève, le Souletin Enecot de Sponde son secrétaire, pour négocier l’envoi de ministres pour la future Académie d’Orthez.

Elle veut imposer un calviniste à la tête de l’évêché d’Oloron, c’est l’émeute dirigée par le curé de Barcus.

= 1564 : création de l’Académie protestante d’Orthez pour former les pasteurs, elle sera transformée en 1583, en université, par son fils, Henri III de Béarn. On y apprend le grec, le latin et l’hébreu.

= 1567 : les esprits s’échauffent, les catholique de Basse-Navarre forment une Ligue avec Charles de Luxe, le catholique, baron de Tardets. Antoine de Gramont se met à la tête du parti protestant. La guerre civile et religieuse s’étend à toute la région, de la Basse-Navarre au Béarn.

= 1568-1570 : Invasion de la Soule par les troupes de Jeanne d’Albret et mise à sac des églises, couvents. Charles de Luxe, le catholique, seigneur des Tardets, s’empare du château de Mauléon et obtient de Charles IX, la charge de lieutenant général de Soule.

= 1571 : promulgation des Ordonnances ecclésiastiques. Jeanne d’Albret favorise la traduction en basque, du Nouveau Testament, par Jean de Liçarrague de Briscous.

= 1572 : Henri III de Béarn, épouse à Paris, Marguerite de Valois (la Reine Margot de Dumas), sœur de Charles IX. Jeanne d'Albret meurt à peine arrivée pour les cérémonies du mariage. Henri échappe au massacre de la Saint-Barthélemy, abjure le protestantisme, s'évade, revient en Béarn.

= 1587 : Jean IV de Belzunce, vicomte de Macaye reprend le château de Mauléon aux catholiques, le restaure, lève des impôts. Il exile vers l’Espagne le catholique Charles de Luxe et reste capitaine châtelain jusqu’à sa mort en 1595.

= 1589 : assassinat d’Henri III de Valois, roi de France. Fin des Valois. Henri III de Béarn-Navarre, fils de Jeanne d’Albret et d’Antoine de Bourbon, devient roi de France sous le nom d’Henri IV.

= 1598 : nomination par Henri III de Navarre (IV de France), d’Arnaud de Maytie comme évêque d’Oloron (Mauléon où il a son palais fait partie du diocèse d’Oloron).

= 1598 : édit de Nantes. Henri III conforte et augmente les avantages accordés aux protestants par l'édit d'Amboise.

= 1599 : édit de Fontainebleau. Il permet aux catholiques de la Soule et du Béarn de récupérer certains de leurs biens et d’exercer librement leur religion.

= 1600-1622 : Arnaud de Maytie reconstruit les églises dévastées par les protestants. Il implore à de nombreuses reprises auprès du roi, l’application de l’édit de Fontainebleu pour les catholiques de son diocèse.

Précisions historiques : les guerres de Religion 

Les idées réformistes de Calvin ont été bien accueillies dans certaines familles nobles comme celle des Gramont, originaire de Basse-Navarre. Les troubles entre cette famille et celle de Charles de Luxe restée catholique se multiplièrent dès 1545. Les sympathisants réformés, tels Jacques de Bela, Arnaud de Johanne, Eneco de Sponde, et Belsunce, se réjouirent de la présence à Mauléon, d’un chapelain d’Orthez, Gérard Roussel, venu prêcher le Carême. Mais la population ne put supporter cette intrusion tant sur le plan religieux que territorial. L’intrus fut chassé (1). Petit à petit, une partie de la population soutenue par les familles de Luxe et le curé de Barcus, se mit à soutenir les catholiques du Béarn et de Basse-Navarre afin de juguler l’expansionnisme des troupes de Jeanne d’Albret. Il en dépendait de leur foi et de leurs libertés. En 1568, ils apportèrent aide au capitaine catholique Terride. La réaction fut immédiate et violente : Montamat, le bras droit de Mongommery, pilla Domezain, Mauléon et Sainte-Engrâce.

En 1570, Charles de Luxe fut nommé capitaine-lieutenant par le roi Charles IX, il récupéra le château de Mauléon, le remis en état et pris sous sa protection l’évêque d’Oloron, Arnaud de Maytie, fils de Pierre, victime de plusieurs tentatives d’assassinat. Mais, après une accalmie, il se joignit avec d’autres Souletins, à la Ligue catholique.

La réaction des Réformés en 1587, se traduisit par un nouveau saccage de l’église de Domezain. La guerre civile entre ligueurs et protestants s’amplifia jusqu’en 1661, année de la nomination d’Arnaud François de Maytie, comme évêque d’Oloron et du rétablissement du catholicisme. Henri de Sponde se convertit et la Contre-Réforme prit de l’expansion. Mais dans les mémoires est restée enfouie une haine de la religion de l’autre. Haine prête à ressurgir au moindre état de violence.

(1) Sa chaire attaquée à coup de hache par un certain…Pierre de Maytie fait partie de la légende.

MECONTENTEMENTS ET SOULEVEMENTS POPULAIRES SOUS LOUIS XIII ET LOUIS XIV AVEC RELENTS DE LUTTES RELIGIEUSES

= 1617 : l’édit de mainlevée complète l’édit de Fontainebleau qui rend à l’église catholique, les biens saisis par Jeanne d’Albret et donne une compensation aux Réformés.

= 1620 : l’application de l’édit de Fontainebleau n’est pas respectée par les protestants. Certains se soulèvent. Louis XIII, après une visite en Béarn, décide le 20 octobre, par l'édit de l'Union, que la Basse-Navarre, la Soule, le Béarn et la Bigorre deviennent territoire français. Les fors et les états de Navarre sont cependant maintenus et le « Parlement de Navarre séant à Pau » est créé par l’union des anciennes juridictions de Béarn (Pau) et de Basse-Navarre (Saint-Palais). La Soule est rattachée au Parlement de Navarre. Elle le restera jusqu’en 1789, à l’exception d’une période de 1626 à 1691.

= 1622 : mort d’Arnaud de Maytie, évêque d’Oloron, il est remplacé par Arnaud II de Maytie (1622-1646).

= 1639 : après l’acalmie des guerres de Religion, l’argent manque. Louis XIII met en vente aux enchères « ses » domaines situés dans le ressort du Parlement de Bordeaux (et de Toulouse). Arnaud de Peyrer de Trois Villes,futur comte de Tréville, se rend adjudicataire en 1641, contre l’avis des États souletins qui considèrent les terres communes comme appartenant à la Soule et non au domaine royal. C’était le principe de l’alleu (1) commun dans les Pyrénées, en opposition au droit royal « nulle terre sans seigneur ». Les Souletins entrent en conflit avec Tréville qui veut reconstituer à son profit, l’ancienne vicomté. Ils s’endettent pour acheter « leur » terre.

(1) Terre de pleine propriété affranchie de toute obligation ou redevance à l’opposé du fief.

= 1643 : Louis XIV, roi de France.

= 1661 : la pression fiscale de Tréville est de plus en plus oppressante et les procès contre ce dernier, plus les dettes des États souletins pour l’achat des charges et terres royales, créent un malaise, puis une révolte sous la direction de Bernard de Goyenetche alias Matalas. Certains nobles huguenots sont pris à partie. Mais ses 5000-6000 hommes ne peuvent résister aux troupes de Louis XIV venus en aide à Tréville. Matalas est capturé et condamné à mort et décapité. Le peuple est amnistié.

= 1661-1681 : épiscopat du troisième évêque de Maytie d’Oloron, Arnaud-François de Maytie, le pacificateur de la Soule.

= 1663 : Louis XIV accorde le droit de justice à M. de Tréville pour Trois Villes, Alos, Sibas et Abense.

= 1669 : Louis XIV rachète l’ancien domaine royal à de Tréville et annule l’édit de 1639.

= 1681-1704 : épiscopat de l’évêque d’Oloron, François Charles de Salettes, le réformateur. Âge d’or des retables souletins.

= 1685 : le deuxième édit de Fontainebleau ou édit de Révocation, par Louis XIV, révoque l'édit de Nantes. Il est interdit d’être protestant. Dragonnades

= 1705-1735 : épiscopat de Joseph de Revol. Les retables deviennent plus « décents » : les sirènes et angelots nus sont interdits par ses Ordonnances synodales de 1712.

= 1730 : sur la pression des nobles, réduction des attributions des délégués du Silviet de Soule.

= 1733 : abolition du Silviet, qui entraîne la dissolution de fait des États de Soule. Les intendants royaux déjà présents en 1716, prendront le relais (Intendance des Pyrénées). Le roi est représenté sur place par un châtelain-gouverneur siégeant au château de Mauléon, comme au temps des Anglais.

= 1774-1776 : épidémie chez les bovins, près de 80 % du cheptel disparaît.

= 1787 : édit de Tolérance. Les temples sont rebâtis et les mariages clandestins des protestants, enregistrés.

LA RÉVOLUTION

= 1789 : les Souletins n’envoient aucun délégué aux états généraux du 5 mai 1789. ils se considèrent comme « francs et de franche condition ». Ils ne se présentent que le 4 août pour le vote de l’abolition des privilèges. En novembre, nationalisation des biens du clergé.

= 1790 : le ‘’Pays Basque’’ (Labourd, Basse-Navarre et Soule) ajouté aux terres gasconnes de Bayonne et de Bidache disparait avec la Révolution comme le Béarn, pour faire place au département des Basses-Pyrénées avec Pau pour chef-lieu. Suppression du Parlement de Navarre, de la Coutume souletine, des fors, des communautés valléennes et du droit d'aînesse.

= 1790-1793 : les idées révolutionnaires, l'ordre nouveau et la religion de la déesse Raison ont peu d’influence dans la région. Un comité de surveillance est cependant élu à Mauléon, les arrestations se succèdent. Les églises de Domezain et Aroue sont transformées en temple de la Raison en 1794, tandis que les cimetières sont éventrés pour récupérer les os nécessaires à la confection de la « poudre tyrannicide ». Celle qui doit tuer les tyrans ennemis de la Révolution. Le béarnais et le basque ne sont plus langue officielles. Tout est fait pour imposer le français et supprimer les particularismes locaux. L’unité nationale vue de Paris est à ce prix. Une résistance tranquille s'organise autour des notaires pour contourner la suppression du droit d'aînesse et des communautés valléennes. La guerre avec l’Espagne et l’attitude despotique des représentants du Comité révolutionnaire est mal perçue dans tout le Pays Basque Nord, surtout en Labourd.

= 1794-1800 : importante crise économique.

ROMANTISME-NAPOLÉON III ET LA RÉPUBLIQUE

= 1833 : durant la première guerre carliste, les Basques du Nord avec Augustin Chaho de Soule prêtent main forte à ceux du Sud.

= 1838, le 3 juin, une ordonnance royale crée la commission syndicale du Pays de Soule chargée de reconstituer et gérer les propriétés communes d’avant la Révolution et d’après les coutumes de Soule de1520 (François Ier).

= 1849 : succès électoral de Chaho en Soule et Basse-Navarre.

= 1861-1867 : liaison par le chemin de fer de la Compagnie du Midi, de Bayonne à Toulouse par Orthez et Pau (Transversale pyrénéenne).

= 1863 : construction de la ligne « affluente » de chemin de fer Dax-Puyôo-Orthez-Pau. Elle permet de rejoindre la ligne Bordeaux-Hendaye. La seconde ligne « affluente » Puyoô-Saint-Palais n’arrivera à Mauléon qu’en 1887. et à Tardets en 1900. Elle ne survivra pas à la concurrence de la route. La ligne de Tardets s’arrêtera en 1929 et celle de Mauléon en 1969.

ÉPOQUE MODERNE-EXPANSION ÉCONOMIQUE

= 1911 la fabrication des espadrilles, fer de lance de l’économie souletine emploie plus de 1 500 personnes rien qu’à Mauléon.
= 1921 : création de la Fédération française de pelote basque.
= 1947 : découverte du pétrole de Lacq et lancement du maïs hybride américain. Début de la Révolution verte.
= 1950 : création du Pataugas par René Elissabide.
= 1958 : création de l’aéroport civil de Pau-Uzein.
= 1969 : création des écoles basques Seaska.
= 1970 : les Basses-Pyrénées deviennent Pyrénées-Atlantiques.

                                                     États de Soule et gouvernance

La Soule était une terre libre exempte de servitude. En contre partie d’une garde assurée des frontières, ses habitants avaient le droit de s’assembler et de former des communautés et même de s’armer. Vu le caractère essentiellement agropastoral de la société souletine, les litiges concernaient essentiellement les estives, cayolars, droits sur l’eau, la chasse, le bétail et les forêts. Ces usages furent codifiés par François Ier en 1520, par la rédaction des « Coutumes » en langue gasconne. Cette Coutume était complétée par des traités inter vallées avec les Béarnais et les Navarrais sous forme de lies et passeries. De 1023 à 1307, la Soule a été dirigée par des vicomtes de Mauléon. Après 1307, le titre fut repris par le roi d’Angleterre jusqu’en 1449, le vicomte de Béarn, roi de Navarre jusqu’en 1512, et enfin le roi de France. Ces vicomtes de Mauléon avaient une certaine indépendance vis à vis de leur suzerain navarrais, béarnais puis anglais qui avaient hérité du pays à la suite du mariage d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine, avec Henri, devenu roi d’Angleterre en 1154. Et enfin français.

Les vicomtes de Soule

La reconstitution de la lignée des vicomtes de Soule est assez difficile à réaliser. Seuls quelques cartulaires d’abbayes permettent de connaître l’existence des seigneurs de Soule, mais les dates d’entrée en fonction ou de leur mort sont rarement connues avec précision. De même que leur titre exact : princep, vicecomitatus, magnus dominator terrae…

Dynastie de Mauléon

- Vicomtes non historiques (titres et fonctions non sûrs)

1000 Athon supposé vicomte.
1017 Guillaume Dat mentionné dans le cartulaire de Saint-Pé-de-Bigorre. 

- Vicomtes historiques

Env.1023-1030 Guillaume-Fort par la grâce de Sanche IV Guillaume, duc de Gascogne.

Env.1030-1085 : Raymond-Guillaume ou Salamace, fils de Guillaume Fort pour certains auteurs et de Guillaume Dat pour d’autres. Protecteur de Saint-Sever.
Env.1085-1120 : Guillaume-Raymond dit Guillaume Fort II, fils de Salamance. Son refus d’hommage à Centulle V, vicomte de Béarn mit le pays sous la tutelle de ce dernier de 1086 à 1090.
Env. 1120-1130 Gassion, fils de Guillaume Fort II. II rend hommage au roi de Pampelune, Alphonse le Batailleur.
Env. 1130-1150 : Auger Ier (Ogier), fils de Gassion.
Env. 1150-1170 : Navarre, fille d’Auger Ier et son mari et Auger de Miramont ou Auger II. Sous leur vicomtat, la Soule devient vassale de l’Angleterre (mariage d’Aliénor, duchesse d’Aquitaine et d’Henri en 1154). Le duc roi anglais est aussi de son côté, vassal du roi de France, pour son territoire aquitain.
1170-1178 : Bernard-Sanche, neveu de Navarre.
1178-1200 : Raymond-Guillaume II, « oncle » de Bernard Sanche. Il se fait arbitrer par Sanche le Fort, roi de Navarre.
1200-1234 : Raymond-Guillaume III, fils de Raymond-Guillaume. Tentative d’annexion avortée du roi de Castille, Alphonse VIII le Noble.
1234-1242 : Raymond-Guillaume IV, fils de Raymond III, prête en 1234, serment de vasselage au roi de Navarre Thibault Ier
1242-1257 : Raymond-Guilaume V, fils de Raymond IV sous la tutelle de Guillaume-Arnaud de Tardets, par ordre du roi d’Angleterre Henri III. Il rend hommage en 1244, comme son père, à Thibaut Ier
1257-1261 : co-vicomte Na Marchessa veuve de Raymond-Guillaume V.
1257-1261 : co-vicomte Auger III, fils de Na Marchessa et de Guillaume V. Il cède la vicomté au prince Edouard et se met au service du roi de Navarre, mais reste à Mauléon avec quelques séjours en Navarre. Il refuse d’obéir au prince, puis au roi d’Angleterre. En 1274 il participe aux Etats de Navarre à Pampelune.
1295-1307 : il reprend Mauléon. Forcé, il abandonne en 1307 ses titres et le pays à Louis le Hutin, roi de Navarre, qui les remet au duc d’Aquitaine, roi d’Angleterre, vassal de Philippe le Bel.

- Les rois-ducs

Les rois anglais, duc d’Aquitaine (communément appelés roi-duc).

1154-1189 Henri II, roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine époux d’Aliénor en 1154.
1189-1199 Richard Ier Cœur de Lion, fils d’Aliénor et d’Henri II.
1199-1216 Jean Sans Terre, fils d’Aliénor et d’Henri II.
1216-1272 Henri III, roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine.
1272-1307 Edouard Ier, roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine.
1307-1327 Edouard II, roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine. Il rappelle d’Auger III, son serment de 1261 (il doit abandonner définitivement la Soule).
1327-1377 Édouard III.
1377-1399 Richard II.
1399-1413 Henry IV.
1413-1422 : Henry V.
1422-1449 Henry VI ; prise de Mauléon par Gaston IV de Foix-Béarn en 1449.

Les États de Soule

Les garants de la Coutume étaient les États de Soule dont la composition était proche de celle du Béarn. Il y avait deux corps : le Grand Corps qui représentait la noblesse et le clergé, identique à la Cour majour béarnaise et le Tiers État représentant les bourgeois et paysans comme la Cort de las Communautats du Béarn. Ce dernier se réunissait au Silviet dans le bois de Libarrenx et plus tard vers 1730, à Licharre. La diminution du pouvoir du Silviet, suite à de nombreuses pressions des nobles, puis sa suppression, entraîna la disparition des États de Soule en 1733.

Le pouvoir judiciaire

Les jugements ordinaires se faisaient à la cour de Licharre jusqu’en 1776. Celle-ci est alors remplacée par la châtellenie de Mauléon jusqu’à la Révolution. Les Souletins étaient jugés selon les procédures de la Coutume promulguées par François Ier.

Pour les procédures en appel, le pouvoir judiciaire, à partir du XVe siècle était porté devant la cour du présidial de Dax, mais lorsque Louis XIII créa le Parlement de Navarre à Pau en 1620 (voir Guide du Curieux Éditions PyréMonde, Pau), il y rattache la Soule, au grand effroi des Souletins catholiques, qui craignent des relents calvinistes des juges palois. Après de nombreuses interventions de Gabriel d’Etchart et d’Arnaud d’Oihenart, il fut remplacé par le Parlement de Bordeaux. Cela a duré de 1626 à 1690, avant que les appels reviennent à Pau, jusqu’à la Révolution.

Le pouvoir religieux

Lors de la conquête romaine, le pays des Sibulates, vu sa faible importance économique, fut rattaché à Aqua Tarbellicae (Dax). L’une des cité de la Novempopulanie occupée par les Tarbelles. Puis au Ve siècle, lors de l’expansion du christianisme, la Soule fut rattaché au diocèse d’Iluro (Oloron-Goès). Elle y resta même après la chute de l’Empire. De plus, le premier évêque d’Oloron, Grat, était presque souletin. Né à Lichos, il fut le premier défenseur du christianisme nicéen au concile d’Agde (506) contre l’hérésie arianiste, promulguée par les Wisigoths.

D’après C. Desplat  «  la double obédience (1) permit à la Soule de conserver une plus grande distance vis à vis de ses voisins. »
(1) Oloron pour le religieux et Dax pour le civil.

Petite histoire sur Gratius (saint Grat)

Grat ou Gratus fut nommé évêque d’Oloron au concile d’Agde en 506, en même temps que Galactoire, évêque de Beneharnum (Lescar). Dès sa canonisation, son corps fut vénéré et enfermé dans un reliquaire. Nombreux étaient les pèlerins qui venaient prier en la cathédrale d’Oloron afin de demander à ce saint local, d’intercéder en leur faveur auprès de Dieu. Les ressources des oboles et quêtes de l’évêché, comme dans beaucoup d’églises, dépendaient de la présence de ces précieuses reliques. En 1569, les huguenots de Jeanne d’Albret voyaient dans ce culte papiste, un prolongement des superstitions païennes. Chasse fut donnée à toutes les reliques et à leurs défenseurs. Aussi, le clergé d’Oloron s’enfuit à Jaca en Aragon avec le reliquaire de saint Grat. Mais on apprit plus tard en 1600, que Jaca ne conservait que la mâchoire supérieure et les dents du saint. Il fallut attendre 1710, pour découvrir lors de travaux dans la cathédrale, derrière le maître-autel, dans une niche fermée par une porte en fer, des ossements enveloppés dans un linge. L’évêque de l’époque, Mgr Joseph de Révol, fit authentifier par des experts, l’origine des ossements de saint Grat. Bon nombre de ceux-ci disparurent à nouveau à la Révolution, pour réapparaître en 1844. Mais, il semblerait que quelques pièces manquaient au « puzzle » de 1710 : Etsaut et Charritte-Lichos en Béarn des Gaves, déclaraient à cette époque aussi posséder des reliques du saint.
Voir le buste reliquaire dans une des chapelles rayonnantes de la cathédrale d’Oloron.

Légende

La légende rapporte que Gratus, mort à Jaca, alors sous la domination des Wisigoths, sortait toutes les nuits de son sarcophage pour s’installer devant. Las de ces sorties nocturnes, les Aragonais de Jaca mirent la dépouille du saint sur le dos d’une mule en lui montrant la route du Sud. Or, la mule ne cessait de revenir sur ses pas et de se diriger vers le Nord, vers Oloron. On lui creva alors les yeux. Mais cela ne modifia en rien son comportement. Elle se dirigea à nouveau vers Oloron, accompagnée de deux aigles. Lorsqu’elle atteignit la ville, les cloches se mirent à sonner et les portes de la cathédrale s’ouvrirent toutes seules. Cet épisode est peint sur le reliquaire du saint, visible dans la salle du Trésor de la cathédrale d’Oloron.

Les capitaines-châtelains

Lors de la gouvernance de la Soule par les Anglais, à partir de 1261, les rois d’Outre-Manche, ducs d’Aquitaine, choisirent des capitaines-châtelains pour les représenter dans cette province. La plupart des élus furent des Gascons, Ils gouvernèrent le pays avec l’aide des dix potestats, d’une soixantaine de gentilshommes souletin de la cour de justice et des États de Soule. Chargés de l’entretien du château et du maintien des garnisons, ils devaient également faire respecter les fors (coutumes).

1261-1275 Oger de la Mothe. Il a réparé et consolidé les fortifications du château.
1275-1289 Capitaine Vital de Caupenne. Il reçut au château, en 1287, avec son neveu Élie, le couple royal anglais pour le mariage de leur fille Aliénor, avec le jeune roi d’Aragon, Alphonse III.
1289-1295 Élie de Caupenne. Auger III, vicomte de Soule reconquiert son château en 1295 et le restitue en 1307 contre une seigneurie navarraise.
1307 Garcie-Arnaud d’Ezpeleta.
1308 Fortaner de Batz.
1308 Pierre Pelet.
1309-1319 Odon de Miossens. Il agrandit le château et le moulin dit du roi.
1319-1350 Raymond de Miossens, maire de Bordeaux. Il fait édifier une palissade et creuser des fossés autour du château et du bourg.
1350-1385 Raymond-Guillaume de Caupenne fabrique des canons pour le Béarn, procède au premier recensement (censier gothique) et fait emprisonner le seigneur Arnaud-Guillaume d’Olhaltby, auteur d’une jacquerie.
1385-1432 Charles de Beaumont, fils bâtard de Louis de Navarre.
1434-1446 Humphrey de Lancastre, duc Gloucester, oncle du roi d’Angleterre Henri VI et cinquième fils d’Henri IV. il reste en Angleterre et gère la Soule par personne interposée, avec l’aide de Louis de Beaumont, fils de Charles de Beaumont, son lieutenant et connétable de Navarre, C’est le dernier lieutenant-châtelain « anglais », avant la conquête de Gaston IV de Foix-Béarn en 1449. Il fait cependant construire une tour supplémentaire dans le château. C’est l’assassin de Bereterretxe de Larrau. (Voir plus avant le chapitre « Etcheba »)
1446-1485 Jean de Foix-Grailly, comte de Candale, est nommé par Henri VI, à la mort de Humphrey. Il reste comme ce dernier, en Angleterre où il décède, la Soule étant passé entre temps, sous la domination des Béarnais (1449).



                                                                           Les Fors


Les fors (prononcez fos) du latin forum (place publique) sont un ensemble complexe de chartes et de coutumes qui régissaient en « Occitanie » et en Aragon-Navarre, dès le XIe siècle, les rapports entre les seigneurs et leurs vassaux et précisent les droits des habitants. Les plus anciens connus sont les fueros (nom espagnol) de Jaca. En Soule le mot coutume est plus employé.

Le système féodal du Nord de l’Europe (et de la France) où le suzerain propriétaire du château devait assistance et protection à ses vassaux, lesquels, en échange, devaient servir fidèlement leur protecteur, avait peu d’influence dans les contrées du Sud. En « Occitanie », les villes étaient plus importantes ; elles pouvaient se défendre par elles-mêmes et les paysans pouvaient s’y réfugier en cas de conflit, si bien que les pouvoirs des souverains du Sud étaient moins absolus. Surtout en Navarre, Soule et Béarn, importantes zones de passage des Jacquets qui apportaient richesse et prospérité et pour lesquelles une situation politique stable s’avérait indispensable. Aussi, les vicomtes de Soule, de Béarn, comme le comte de Bigorre octroyèrent rapidement des fors à leurs vassaux.
Ces fors, transmis d’abord par voie orale, l’ont été ensuite par écrit vers le XIIIe.
L’un des premiers fors connus dans la région est celui d'Oloron ou poblacion (1080) sous Centulle V. Un for général du Béarn sera proclamé par le premier vicomte Moncade, Gaston VI en 1188. Ce dernier imitait le comte Bernard III de Bigorre, qui octroya des fors généraux à son comté en 1097. Ces fors s’appliquaient en partie à la Soule. En 1520, François 1er fit éditer, les usages spécifiques à la Soule en langue béarnaise : les Coutumes de Soule. Celles-ci resteront en vigueur jusqu’à la Révolution. Mais servirent plus tard de base à la création de la Communauté de Soule sous Charles X.

Le contenu

Comme les manants avaient des représentants lors de l'élaboration des fors, ces derniers devinrent rapidement synonymes de libertés municipales ou locales. Dans certains textes, le seigneur ne pouvait entrer armé dans la cité ou envoyer les villageois guerroyer hors d'un territoire limité. Les obligations du seigneur, comme celles, de ses vassaux étaient parfois très détaillées : tenues des foires, des marchés, exploitations des biens communs, des moulins, levées d'armée, des impôts…

En 1552, Henri II d'Albret les réorganisa, Jeanne d'Albret les améliora et le roi de France, Louis XIII les conserva lors du rattachement du Béarn et de la Soule à la couronne royale en 1620. Ils furent cependant abolis en 1789, comme le régime du droit d'aînesse, sous couvert d'égalité nationale et de suppression de tout particularisme. Les foralistes (défenseur des fors) sont cependant encore actifs en Pays Basque et de l'autre côté de la frontière. Ils sont pour eux une source de respect mutuel protégeant les particularités, entre gouvernants et gouvernés.

Ces fors ne doivent pas être confondus avec le « privilège du for». Ce privilège permettait aux ecclésiastiques de n'être cités que devant un tribunal religieux.

Précisions historiques
Les Ibères tirent leur nom du fleuve Ebre.
Ce sont eux qui codifièrent la vie civile par des fors inspirés des fueros d'Ibérie dont celui de Jaca. L’historien Jean-Louis est sceptique à propos de cette origine. Le premier for fut celui d'Alaric II, roi Wisigoth. Il fut promulgué à Aire-sur-l'Adour en 506. Il est connu sous le nom de Bréviaire d'Alaric. De confession arianiste (hérésie arienne), les Wisigoths furent expulsés d'Aquitaine en 507, par les troupes catholiques romaines (nicéennes) de Clovis Ier, Barbare franc mérovingien, peu romanisé, mais converti au catholicisme par sa femme Clotilde en 496. À cette époque, avoir le pape et les évêques avec soi, cela pouvait être très utile.
Beaucoup de toponymes (les plus anciens) en Béarn sont d’origine basque.
Ont pour origine aquitaine (néo-Ibère) les noms terminés par os : Gelos.


                                                           Naissance d’un département

En 1790, les provinces basques ont été unies au Béarn, pour former le département des Basses-Pyrénées. Le Bigourdan Bertrand Barère de Vieuzac, responsable de la commission de la départementalisation sous la Constituante, avec son partenaire, Joseph Garat de Bayonne, sont plus ou moins à l’origine de ce regroupement administratif. Pour quelle raison lier le Béarn aux provinces basques et non à sa voisine la Bigorre, confronté au même destin historique ? Henri IV de France, vicomte du Béarn, n’avait-il pas été le dernier comte de Bigorre ? Béarn et Bigorre avaient non seulement une histoire commune depuis des siècles, mais aussi une langue administrative et des usages communs, tel le pastoralisme, l’application des fors, du droit d’aînesse et l’absence de la loi salique. Mais le Bigourdan Barère ne pouvait former un département avec l’ancienne possession des Bourbons, berceau de la dynastie honnie. Il fallait partager les centres de pouvoir. Il créa le département des Hautes-Pyrénées composé de l’ancienne Bigorre et de quelques territoires situés au nord. De son côté, Joseph Garat le Basque (aidé de son frère), ne voulait pas d’un département du Bas-Adour avec Bayonne et Dax. Il craignait la domination de Dax. Il ne voulait pas plus, avec l’appui de tous les députés basques, que les trois provinces basques fassent partie d’un département avec le Béarn. La seule solution valable à leurs yeux était un département basque fondé sur des bases linguistiques et économiques. Mais la Constituante influencé par le député de Nay, Mourot et la « défection » de l’évêque d’Oloron (1) n’en tint pas compte. Ellle forma le département des Basses-Pyrénées, comprenant le Béarn, le Labourd, la Basse-Navarre et la Soule. Les deux villes importantes Bayonne et Pau n’étant distantes que de deux journées de diligence.


Avec le port de Bayonne, le Béarn obtenait ainsi une ouverture sur l'outre-mer.
Les parlementaires ajoutèrent au nouveau département, la principauté de Bidache, la seigneurie de Louvigny (terres des Marsan) et les territoires entourant la ville de Bayonne. Il faut préciser que Bidache appartenait déjà administrativement, sous l’Ancien Régime, à la Basse-Navarre et Louvigny au Béarn.

Cette union installa la préfecture et le conseil général à Pau (dans l'ancien Parlement). Mais elle dota le nouveau département de quatre sous-préfectures, une à Oloron et une à Orthez en Béarn, et deux en provinces basques, à Bayonne et Mauléon. Orthez et Mauléon perdirent plus tard cette fonction. Mauléon en 1926. De même, pour faire bon poids, elle donna au titulaire de l'évêché de Bayonne, le titre d'évêque d'Oloron et de Lescar (les évêchés de ces deux villes béarnaises ont été supprimés par le Concordat).

En 1970, le président du conseil général, Jean-Louis Tinaud, de passage au gouvernement, en profita pour faire modifier le nom Basses-Pyrénées qui n'était pas très flatteur, ni commercial. Le nouveau nom, Pyrénées-Atlantiques a l'avantage de conserver le code 64.
(1) Ce dernier avait son évêché en Béarn. Il ne voulut pas que la Soule et le Béarn soient séparés..

logo-la-soule2
© 2014 - La Soule - Le Guide  - Jean Omnès - Tous Droits Réservés


connexion