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Faune & Flore du Pays de la Soule
 
 
                                                                  FAUNE



QUELQUES ANIMAUX  DOMESTIQUES :

Le pottock ou pottok : prononcer potiok. C'est l'une des douze races de poneys reconnues. Le cheval de Mérens ne fait plus partie de la liste depuis 1998. Peint sur les parois des grottes du Paléolithique supérieur, ce petit équidé à la longue crinière et au groupe sanguin unique, doit sa survie à sa rustique robustesse. Il mesure environ 1,25 m au garrot, ses sabots ont une corne très dure qui le rend parfaitement adapté à la montagne. L'hiver, son pelage s'épaissit pour devenir imperméable. Ce qui le protège du froid et des intempéries. Il vivait en toute liberté sur les montagnes basques. Actuellement, il est de plus en plus domestiqué et malheureusement croisé avec d'autres races. Du fait de sa petite taille, il était très utilisé jadis dans les galeries de mines de charbon ; il l'est aujourd'hui dans les centres équestres du fait de sa douceur et de sa vivacité. On en trouve quelques représentants sur la colline de Sainte-Madeleine. Le haras de Pau en conserve quelques unités pour la conservation de la race. Son utilisation comme viande de boucherie a tendance à disparaître. Une réserve dans les prairies et fougeraies des environs d'Espelette, lui permet de gambader en toute liberté.

La vache : la race la plus courante en Soule est la Blonde d’Aquitaine née d’un croisement avec la Blonde des Pyrénées. Ce croisement a donné naissance à une race de réputation mondiale, pour la qualité de sa viande. La Blonde d’Aquitaine représente 95 % du cheptel bovin à viande, estimé à 126 000 têtes en Pyrénées-Atlantiques.

En Soule, les exploitations classées en OTEX élevage bovin viande, représentent 21 % des exploitations OTEX. La majorité des exploitations est classée en OTEX ovins, caprins.

Il reste cependant près de 90 éléments de la pure race béarnaise Blonde des Pyrénées qui n’ont pas été intégrés dans la race Blonde d’Aquitaine. Elles sont surtout présentes en vallées d’Aspe et de Lourdios.

Pour les amoureux des vaches : ¿ www.lavache.com ¿ Site assez ludique avec ambiance musicale.

Mais, la Soule est surtout connue pour sa production de lait (de brebis et de vache). La race bovine concernée est la Prim'Holstein. De gabarit imposant, facilement reconnaissable à sa robe blanche tachée de noir (ou l’inverse si vous préférez). Elle possède des cuisses plates pour laisser toute la place à la mamelle donneuse de lait. La race a été obtenue par croisement de Frisonnes et de races canadiennes. Avec ses 53 000 têtes, elle représente près de 90 % du cheptel laitier des Pyrénées-Atlantiques.

Le Pays Basque possède aussi une race unique, très ancienne appelée incorrectement Betiso, prononcez betisou (1). Cette vache « archaïque » comme les pottocks, descendante probable des aurochs de la Préhistoire, est encore présente dans les montagnes basques. Les Betizuak en voie de disparition, se caractérisent par leur grande rusticité. Petites, semi-sauvages, elles possèdent une robe de couleur fauve clair à brun avec une décoloration au niveau de l’entrejambe, des extrémités, des muqueuses et de la région orbitale. La partie antérieure est plus développée que la postérieure. Et les cornes prennent la forme de lyre relevée vers le haut et à l’arrière à l’âge adulte. Il n’existe plus semble-t-il de Betizuak en Soule, mais leur adaptation dans les landes et les sous-bois ne poserait aucun problème. Utilisée pour l’entretien du milieu, il n’existerait qu’une soixantaine d’animaux essentiellement en Guipuzcoa au parc naturel de Pagoeta et ailleurs (Mondarrain) voir le petit film ci-joint. Même les vaches sauvages peuvent poser problème :  https://www.youtube.com/watch?v=qJVMQg_N0Wc
betisuUne vache Betiso. Photo amicale laïque dacquoise

(1)Etxeko behia (vache de la maison) ou Betizuak ou Betisoak selon les régions.

Un organisme : Conservatoire des races aquitaines, Montuard. 33670 Créon. Il a remplacé l’Association pour la sauvegarde et l’étude des races domestiques menacées (A.S.E.R.D.M.).

Le cheval  : la race arabo-andalouse était très présente dans la région lorsque Louis-Philippe favorisa l'importation de pur-sang anglais. Ainsi naquit la fameuse race anglo-arabe, cheval de sport et de course par excellence.
Le Haras national fut créé par Napoléon Ier et installé à Gelos par Louis XVIII, au bord du gave de Pau, dans l'ancienne résidence d'été du président du parlement de Navarre, le baron Duplàa. Ce haras devait servir à la reproduction de chevaux légers, endurants et vifs pour la cavalerie légère de l'armée. De nos jours, la production s'est diversifiée avec des étalons anglo-arabes et différents pur-sang pour la course. Ont été également mises à l'honneur, deux races en voie de disparition : le Landais et le Pottok. De plus, le haras sert de réservoir à l'élevage de chevaux de trait. Ceux-ci occupent une place importante dans l'économie pastorale des montagnes et vallées pyrénéennes. On y trouve près de 60 étalons ardennais, bretons, comtois et un baudet des Pyrénées. Ainsi le département est l'une des toutes premières régions françaises pour la production équine. Le Pays Basque regroupe près du tiers de celle-ci.

La brebis : est surtout élevée pour son lait. Le département est le deuxième producteur de lait de brebis. Ce lait sert essentiellement à la fabrication de fromage. On rencontre sur les estives trois espèces locales (basques) : la manech à tête noire, sa cousine, plus petite, la manech à tête rousse et sans cornes et la grosse brebis avec ses cornes imposantes recourbées, genre bouquetin, la basco béarnaise. Le troupeau des Pyrénées-Atlantiques est estimé à 480 000 têtes ; pour 50 millions de litres de lait, dont 20 % sont produits en Soule. Les exploitations souletines classées en OTEX, sont à 66 % des exploitations ovins, caprins.

Le patou ou Montagne des Pyrénées : chien de berger à l’allure débonnaire et à l’épaisse fourrure blanche, il est particulièrement réputé depuis que Napoléon III en avait ramené un à la cour. Son nom réel, pastou, est dérivé du mot pâtre. Il est originaire, pense-t-on, d’un croisement d’une race locale avec l’un des chiens venus d’Asie centrale, lors des grandes invasions. Ami fidèle et incontournable des bergers et surtout des moutons, il sert à la protection des troupeaux jusqu’au début du XXe siècle. C’est un excellent chien de dissuasion contre les prédateurs.
Souvent, le berger protégeait son cou, des attaques des loups et des ours, par un large collier à grandes pointes. Après une brève disparition, le retour du loup dans le Mercantour et la réintroduction d’ours dans les Pyrénées, ont suscité un regain d’intérêt pour cet animal. Depuis 1999, il est conseillé par l’administration, avec aide financière, pour limiter les dégâts occasionnés par les derniers ours et les chiens errants. Il est aussi devenu un animal de compagnie, un peu encombrant cependant. On peut le voir proposé à la vente, sur les bords des routes de montagnes.
PatouPatou. Photo J. Omnès

Le labrit : autre chien de berger. De petite taille, de pelage beige clair aux longs poils et surtout aux yeux très expressifs. À l’inverse du « patou pataud », le labrit est un chien plein de vie, très attachant, avec lequel on a beaucoup d’échanges. Le labrit traditionnel est de plus en plus concurrencé chez les bergers par le border collie (berger écossais), chien dont l’intelligence n’a d’égale que sa gentillesse et sa docilité. Sur les estives de Barétous à Aramits, en Béarn voisin, ont lieu chaque année, durant trois jours en septembre, des concours de dressage avec travail sur le troupeau. Exposition artisanale et de produits régionaux. Troupeaux, bergers, chiens et ânes sont au rendez-vous. Pour info : ' 05-59-85-95-38.

QUELQUES ANIMAUX SAUVAGES :

Il est à noter en préalable que la Soule, peu peuplée et couverte de forêts et de landes, a été pendant des générations, le pays d’une faune sauvage fort riche. De nombreuses espèces, ont depuis quelques décennies disparues (1). La puissante pression cynégétique qui ne voit dans cette faune que du gibier potentiel, ajoutée à la multiplication des routes forestières ne peuvent qu’être nuisibles aux reproductions des espèces. Le maintien de la biodiversité et la réintroduction d’espèces disparues, ne semble pas à l’ordre du jour.
(1) Ours, isard, loup, chat sauvage, loutres, tétras, aigle royal…

L’ours : la Soule n’est pas à proprement parler le pays de l’ours. Massacré pendant des siècles, il n’en reste pratiquement aucune trace. Certains auteurs parlent de sa présence vers Sainte-Engrâce. Pour en savoir plus sur cet animal emblématique lire le Guide du Curieux Haut-Béarn. PyréMonde éditeur.

L’isard (basa-ahüntza) : rupicapra pyrenaica. C’est le nom donné au chamois des Pyrénées, de taille plus petite que son cousin des Alpes. Vous pourrez en admirer tôt le matin à l’est d’Iraty. Il est généralement visible dans les hauteurs protectrices où il escalade les parois abruptes. N’oubliez pas vos jumelles.
IsardAu parc animalier d'Argelès-Gazost. Photo J. Omnès

Le cerf élaphe (oreina) : réintroduit dans la partie navarraise de la forêt d’Iraty, on le rencontre maintenant dans la forêt d’Iraty de Soule et même dans les massifs des Arbailles, où il a trouvé un biotope favorable.

Le bouquetin : a disparu du versant français à la fin du XIXe siècle, victime de la pression cynégétique. Il subsiste encore côté espagnol. Ce bouquetin dans sa forme pyrenaica diffère de celui des Alpes par des cornes en lyre (à double courbure), alors que l’Alpin est à grande courbure simple. Ce robuste caprin a fait l’objet été 2014, d’une réintroduction par le parc national français (à Cauterets). 
Bouquetin-Ordesa

La marmotte : animal disparu depuis fort longtemps. Des Alpes, il a été réintroduit, en 1948, près de Gavarnie, par Marcel Couturier, vétérinaire. Il a parfaitement proliféré sur toute la chaîne des Pyrénées. Ce gros rongeur bien sympathique est reconnaissable de loin lorsqu’il fait le guetteur. Assis sur ses pattes arrière, dans la position du chandelier, il alerte la colonie du moindre danger par ses sifflements stridents. Celle-ci se replie alors dans ses terriers, dont l’entrée se trouve sous de grosses pierres. D'un poids moyen de 6 kg, l'animal perd la moitié de celui-ci lors de son hibernation qui dure en moyenne 6 mois. On peut dire que le retour de ce petit mammifère a été très bénéfique pour la survie de l’aigle royal. L'animal est visible dans les zones rocheuses, entre 1 400 et 3 000 m d'altitude, vers 10 h le matin et 17 h le soir, lorsqu'il ne fait pas trop chaud.
marmottesParc animalier à Argelès-Gazost. Photo J. Omnès

Le desman des Pyrénées : petit rongeur endémique de la famille des hérissons, vivant le long des cours d’eau et appelé communément rat-trompette. C’est en fait un genre de taupe au corps couvert de longs poils noirs. Son long appendice nasal lui permet de capturer sa nourriture : œufs et petits poissons. Fort discret, ne supportant aucune pollution, il se fait de plus en plus rare, et il faut souvent grimper à plus de 1 500 m pour le rencontrer. Ses seuls cousins connus se trouvent dans le massif de l'Oural. Renseignement pris auprès de scientifiques, on a noté la présence des desmans en Soule, probablement dans les ruisseaux de Licq.
desmanPhoto J. Omnès, OT Arrens-Marsous

Une adresse : Institut européen d'études et de conservation du desman des Pyrénées. IDES Balco de la Solana 66500 Mosset. ' 04-68-05-03-82. Fax : 04-68-05-00-51 ¿ institut-desman.com ¿ institut.desman@wanadoo.fr ¿ L’institut édite des plaquettes d’information en huit langues différentes, dont en basque.

L’euprocte : genre de salamandre de couleur grise, avec parfois une raie jaune sur le dos. Sa tête est plate, et ses pattes sont relativement courtes. Elle se complaît dans les rivières où elle se nourrit de larves d’invertébrés. Elle entre en léthargie à l’approche de l’hiver.
Euprocte Gilles PottierPhoto Gilles Pottier

La truite fario : truite des Pyrénées, grise, tachetée de points noirs, longue de 40 cm environ ; elle se distingue de la truite gold (importée des U.S.A.) par sa taille : 60 cm et par sa couleur, laquelle est pratiquement jaune rosé.
Truites du Gave

Le saumon : jusqu’à la fin du XIXe siècle, les saumons qui remontaient les gaves des 3B (Pays Basque, Béarn, Bigorre) étaient si nombreux qu’ils étaient servis presque quotidiennement aux ouvriers agricoles du Béarn et aux carriers lourdais. Ces derniers allèrent même jusqu’à faire grève, afin d’avoir une nourriture plus variée. Depuis, bien des pollutions sont passées, entraînant la disparition progressive de ce superbe poisson. Une gestion rigoureuse, associée à une dépollution systématique, par la création de stations d’épuration, a inversé lentement les désertions du « poisson-roi ».D’après la C.E.G.E.P.O.M.I. (Comité de gestion des poissons migrateurs) environ 5 000 saumons seraient remontés fin 2003, des gaves béarnais, vers leur lieu de naissance. C’est proche des chiffres de 1950. Ce n’est pas mal, mais l’équilibre est encore fragile. Le principe des quotas assez strict est toujours de rigueur. Voir plus avant le chapitre « Pêche. » Le saumon né dans le gave en hiver s’appelle alevin, adolescent à l’automne, il devient tocan, pour se transformer en smolt au bout d’un an et demi. C’est un dévalaison, lorsqu’il repart et traverse l’océan. Il se pêche dans les endroits calmes des gaves entre deux courants, là où il peut se reposer avant de continuer sa montaison. Ces endroits s’appellent pools.
Pour plus d’infos : Association Saumon des Gaves, La mairie, 64190 Navarrenx. ' 05-59-38-15-58. Association récente (juin 2000) s’intéressant surtout au Gave d’Oloron et à la gestion de ses saumons.
Voir aussi le site ¿ www.bearn-gaves.com ¿

 La palombe : nom du pigeon ramier dans le Sud-Ouest. La palombe passe au-dessus des Pyrénées lorsqu’elle va nidifier en Europe du Sud, de fin septembre à fin novembre. Malheureusement pour elle, elle fait l’objet d’une chasse sans merci par certains locaux. Ceux-ci n’hésitent pas à louer très cher, une cabane de tir (palombière), installée aux sommets des arbres, dans les meilleurs endroits de passage. Chasse très prisée, elle est à l’origine d’un véritable culte qui oblige certaines entreprises à travailler au ralenti durant la période de passage. C’est la « palombite ». Le gouvernement et les associations d’écolos essayent avec difficulté de faire appliquer la réglementation européenne sur la chasse ; celle-ci n’est, hélas, pas toujours respectée par les loueurs de palombières et parfois par les politiciens eux-mêmes. Un train rapide reliant Pau à Paris a été baptisé La Palombe bleue.
Palombe
Photo J. Omnès

La perdrix des neiges ou lagopède : rare oiseau adapté au froid. Son abondant plumage, l’hiver, devient blanc… comme neige. Camouflage indispensable pour survivre en haute montagne. Il se nourrit d’insectes, d’aiguilles de conifères, de mousses et de lichens, comme le grand tétras. On le trouve également dans les Alpes.
Lagopède

Le grand tétras ou coq de bruyère (basoilaRra) : gros volatile, c’est le plus grand gallinacé d’Europe, un des derniers vestiges de la dernière glaciation. De plumage bleu et noir, avec, au-dessus des yeux une tache rouge, il mesure environ 90 cm de haut et pèse près de 3,50 kg. Il vit surtout en moyenne montagne dans les forêts de pins et de sapins d’Iraty. Il se nourrit essentiellement de fruits, d’insectes, et l’hiver, d’aiguilles de pin. Assez farouche, on note surtout sa présence, lors des parades nuptiales en mai, car il attire la femelle par de curieux cris bien audibles. Après l’accouplement, la femelle prépare le nid à même le sol, ce qui rend, hélas, l’espèce très vulnérable aux chasseurs. Il reste dans les 400 couples, dont environ 150 mâles chanteurs pour tout le département. La plupart sont en Béarn voisin. Un arrêté préfectoral de septembre 2004, pour le moins surprenant, a autorisé la chasse du tétras dans le département ! ? Cette chasse a lieu pendant dix jours, au mois de septembre. Le prélèvement autorisé est de cinq volatiles. Mais là, comme ailleurs, le braconnage sévit. En 2006, l’unique oiseau suivi a titre expérimental par radio télémétrie a été abattu. On peut se poser des questions sur le sort de ses « confrères ». Il a déjà disparu des zones boisées, à l’ouest d’Iraty. Espérons qu’il ne finira pas comme le dodo de l’île Maurice.
On ne peut que vous conseiller de voir les très beaux plans sur ce « volatile » dans le film Un homme, un vrai des frères Larrieu.
grand tétras

Le vautour fauve (buitrea) : rapace de grande envergure. Avec ses ailes déployées, il peut mesurer jusqu’à 2,80 m. Il se déplace en groupe, en haute altitude pour bénéficier des courants ascendants sur lesquels il peut planer plusieurs heures. Sa vue perçante lui permet de repérer de très haut, sa pitance, souvent des cadavres de moutons. Les plus forts, après une parade d’intimidation, sont les premiers à manger ; c’est ce que l’on a cru longtemps. En fait, d’après certains observateurs, il semblerait qu’il n’y aurait pas de hiérarchie sociale. Nombreux dans la réserve d’Ossau, en Béarn voisin, encore plus nombreux en Espagne, ils ont tendance à venir en Soule (et même en Belgique !) car les aires de nourrissage de l’Aragon ont disparues du fait d’une directive européenne suite à la maladie de la vache folle. Cette « prolifération » de volatiles affamés, inquiète certains pasteurs qui semblent constater un changement d’attitude de ces rapaces nécrophages. Ils auraient moins peur de l’homme que jadis ( ?!). En fait, les vautours sont des êtres timides et peureux. S’il y a eu dépeçage de veaux mort-nés ou d’attroupement autour du placenta de vêlage, on ne peut affirmer dans l’état actuel des études, que les vautours attaquent les vaches, comme il est souvent affirmé dans la presse. Comme pour l’ours, les vieux fantasmes ressurgissent : l’« animal du diable » serait capable de s’attaquer aux troupeaux ! Or, le vautour ne tue pas ses proies, il n’est pas suffisamment armé (1). Malgré cela, la rumeur commence à aller bon train afin d’éliminer ces « bêtes de la mort » (association aux charognes). Les empoisonnements (à la strychnine) commencent à se multiplier dangereusement. Or, le vautour est un animal utile qui nettoie nos montagnes. Le rétablissement des aires de nourrissage (muladares) en Aragon, même si les équarrisseurs n’y trouvent pas leur compte s’avère nécessaire. Et le vêlage de vaches en étable et non à l’air libre serait à recommander. L’équilibre de la nature est à ce prix. Affaire à suivre.
(1) Au XIXe siècle, et probablement avant, ces mêmes vautours emportaient les petits enfants dans leurs serres !
Précisions
Les vautours vivent en colonies de deux à cent couples, ceux ci semblent unis pour la vie, et la femelle pond un œuf par an, entre décembre et février. Les Pyrénées abritent une population de 580 couples environ, alors que l’Espagne voisine, qui détiendrait 90 % de la population européenne, en aurait près de 20 000 ! L’espèce est protégée depuis 1962. S’il fallait ramasser tous les cadavres d’ovins environ 24 200 par an pour les amener à l’équarrisseur, cela coûterait à la collectivité dans les 580 000 euros. Thèse de Houssein Boulemassa, pour le compte du C.N.R.S.
vautour fauve 2

Le percnoptère d’Égypte : petit vautour migrateur, au superbe vol, est assez rare en France. Une cinquantaine de couples dans les Pyrénées, dont une quinzaine en Soule. On l’appelle « Maria Blanca » (Marie Blanque) en Béarn et « Dame Blanche » dans le Val d’Azun voisin. Dans les vallées des Pyrénées, c’est lui qui annonçait le début des grandes lessives, lors de son retour au printemps. Tout comme les saumons, les percnoptères reviennent chaque année sur les lieux de leur procréation. Avec son plumage blanc cassé, ses ailes bordées de noir, et sa queue en losange, il est facilement identifiable de loin. Sa drôle de tête pointue, toute jaune, se termine par un bec presque conique. Après avoir traversé l’Afrique subsaharienne, il vient nidifier, en mars, le long de parois abruptes ou sur des corniches abritées. Dernier charognard dans la chaîne alimentaire, cet éboueur des cimes se nourrit de cadavres qu’il dépèce jusqu’aux os, de petits reptiles, d’insectes et même de bouses. Il a la particularité d’utiliser un caillou serré dans son bec pour casser les œufs à la coquille trop dure. Le couple, comme les pigeons, reste uni jusqu’à la mort. La femelle, que rien ne distingue du mâle, tant par l’apparence que par le comportement parental, ne pond généralement qu’un œuf par an. Afin de mieux le connaître et de le protéger, un plan de sauvegarde et de réintroduction a été lancé par le ministère de l’Environnement, en mars 2002.
n site : ¿ www.avimania.com ¿

percnoptère cliché nonox.netpercnoptères 2
                                                                                          Percnoptère essayant de briser un oeuf.
Donjon des aigles à Beaucens. Photo J. Omnès
Percnoptère dEgypte

Légendes et histoire sur le percnoptère :
Cet oiseau sacré des Égyptiens a été, pour les civilisations antiques du bassin méditerranéen, puis pour les religions du Livre, le symbole de la mère. De la mère des mères, et parfois d’une déesse. Car il a été conçu par le souffle du vent. Ce souffle céleste, proche des dieux, puis du Dieu unique, fécondait l’animal en plein vol. Dans les croyances anciennes, comme rien ne distinguait le mâle de la femelle et que les coïts n’étaient jamais observés, il ne pouvait y avoir que des femelles. Cette croyance en la fécondation parthénogénétique fut amplement reprise par les religions qui voyaient dans cette procréation, l’absence de souillure et d’impureté. C’était le souffle de Dieu, l’« âme subtile » qui devint rapidement l’Esprit saint, qui donnait la vie. Ce qui permit aux premiers prédicateurs et évangélistes de faire comprendre comment Marie avait pu engendrer sans avoir « connu » d’homme (et même sa mère Anne). D’après Luc (I, 35), l’archange Gabriel aurait dit à Marie : « … l’Esprit (le souffle-pneuma) viendra sur toi, la puissance du Très haut te couvrira de son ombre… ».
C’est la raison, pense-t-on, pour laquelle on aurait donné très tôt ce surnom de Dame Blanche ou Maria Blanca, au percnoptère. Ce n’est qu’une hypothèse. Pendant longtemps, ce rapace servit d’exemple aux premiers religieux pour expliquer la naissance du Christ, hors de la souillure et du péché originel, ainsi que la virginité de sa Mère. La Renaissance relégua ce volatile au simple rang de charognard, plus proche de la mort que du souffle divin. Mais les croyances populaires ont la vie dure. Marie-Bernarde Soubirous, un certain 11 février 1858, vit dans la grotte de Massabielle « une Dame Blanche (1) », qui annonça le 25 mars, à la petite bergère lourdaise, être l’Immaculée Conception. Celle que le pape Pie IX avait fait proclamer telle, quatre ans plus tôt. Extraordinaire rencontre fusionnelle de la légende, de l’histoire et du sacré, qui donnait raison à Saint Luc et au pape, mais tort à Saint Paul qui croyait que le Christ était né d’une femme et non d’une vierge. Si Marie donna son surnom au percnoptère des Pyrénées, celui-ci donna son nom à son col préféré, entre Escot et Bielle.

(1) En fait, elle disait au début, après aqueró, une demoiselle.

Voir Le Guide du Curieux Pays de Lourdes, même auteur, Pyrémonde éditeur.
Un livre : Le vautour, mythes et réalités de Jean-Marie Lamblard, 2001, édition Imago. ¿jmlamblard@wanadoo.fr ¿

Le gypaète barbu (ugatza) : vautour au ventre roux, de 3 m d’envergure et qui peut peser jusqu’à 6 kg. Le dessus des ailes est brun-noir, le dessous et le dos argentés et son poitrail orangé. C’est la touffe de poils de son bec qui lui a donné son nom. ll vient en dernier sur les charniers après les autres nécrophages : corneille, grand corbeau, milan royal, percnoptère et vautour fauve. Il a la particularité de se nourrir d’os, qu’il transporte haut dans les airs, puis laisse tomber sur des rochers afin qu’ils se brisent. En Espagne, on l’appelle le quebrantahuesos. Un plan de sauvegarde a été mis en place en 1997. On estime à une douzaine de couples étroitement surveillés, la population du Parc National et de ses environs, et le double du côté espagnol. En France, en dehors des Pyrénées, surtout à la falaise d’Aste-Béon en vallée Ossau, et vers Cauterets, on n’en rencontre qu’en Corse. L’espèce est menacée d’extinction en Soule.

gypaete barbu

L’aigle royal (arranoa) : symbole de puissance et d’adresse, il a longtemps été pourchassé, car il était supposé pouvoir capturer des moutons dépassant sa propre masse (3 à 6 kg). En fait, il se nourrit de lièvres, marmottes, écureuils, hérissons… Très protégé actuellement, il fait son nid sur des corniches inaccessibles. La ponte a lieu vers mars. On ne connaît pas la population en Soule, mais elle doit être très réduite. 
aigle -ArrensPhoto J. Omnès. OT Arrens-Marsous

Le choucas ou chocard (belexega) : hôte le plus bruyant de nos montagnes. Ce corvidé noir, à bec jaune, pousse des cris stridents qui font écho en montagne. Il niche dans les crevasses des rochers et les gouffres (jusqu’à 20 m de profondeur).

Chocard à bec jaune
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