ÉCONOMIE
La forte identité des Souletins est un élément essentiel pour comprendre, malgré les crises successives et diverses, le maintien à un certain niveau, parfois supérieur aux normes nationales, des trois pieds de l'économie du pays que sont l'industrie, l'agriculture et les services.
L'industrie
L'industrie autour de l’espadrille a longtemps constitué la principale richesse économique de la Soule. . Cette activité dans sa globalité occupait 60 % de la population active. Depuis l’importante crise des années 70 dans l’activité de la chaussure, le bassin d’emploi de la région a du accélérer sa reconversion dans l’industrie, vers la micro-mécanique, le caoutchouc, la petite fonderie et la sous-traitance dans l’aéronautique. .
Autour des tissages des mantas aux tissus techniques, en passant par la toile d’espadrille
Historique
L'abondance du lin des jardins et de la laine des troupeaux d’ovins, prolongée par la présence importante de cours d'eau dont on utilisait la force motrice, a permis depuis fort longtemps, l'installation en Soule, de petites manufactures de tissage. À l'origine, étaient tissées des couvertures de lin et de laine, ou mantas, qui servaient à protéger le dos des vaches, des agressions des insectes et de la chaleur. Chaque maison avait sa couleur et sa largeur de trait, afin de les reconnaître, lors de la grande lessive au lavoir public. Puis, leur simple beauté et leur rusticité les ont transformées en éléments de trousseaux de mariage (draps, nappes et serviettes) pour familles bourgeoises des grandes villes.
Ces tissus aux motifs réguliers, composés de bandes de couleur rouge ou bleue, ont fait la réputation du Pays Basque comme du Béarn dans toute l’Europe, et sur le nouveau continent grâce aux « apatriés » : de Rio de Plata, des Antilles et de la Louisiane. Malheureusement, le coton et les tissus synthétiques ont fait leur apparition dans la confection de ces ouvrages, et la concurrence anglaise, mieux mécanisée, ont fait péricliter cette activité. Puis, les ersatz asiatiques en coton et moins chers, ont pratiquement achevé cette industrie si florissante de la région. Les trousseaux que vous trouverez en Soule proviennent de ses voisins qui, ont su préserver et moderniser leurs modèles : le Béarnais Ortiga d’Oloron ou le Navarrais Ona Tiss de Saint-Palais.
Mais, en Soule, les manufactures travaillaient aussi pour les toiles d’espadrilles qui se fabriquaient en famille durant les saisons d’hiver. Comme pour le linge de maison, l’émigration aux Amériques, des Basques (et Béarnais) développa cet artisanat qui devint rapidement, au milieu du XIX e siècle, l’industrie de base de la province et le produit emblématique de Mauléon. La fabrication de ce tissu résistant, malgré la suppression du port des espadrilles dans les mines, puis la vive concurrence asiatique, put se maintenir tant bien que mal avec quelques unités de production autour de Mauléon. Il y avait en 1880, près de trente usines.
De nos jours
Il en reste cinq. Mais, cette production a surtout permit le développement de tissus innovants, de grande résistance, pour les articles chaussants puis vestimentaires. Cela a démarré vers 1950, avec les tissus pour les Pataugas, puis a continué, vers 1980, avec les tissus dits techniques, dont le tissu polaire. Ce sont actuellement les Tissages du Saison-Terksaën qui symbolisent à nouveau, le savoir-faire technique et l’innovation en matière textile, de la Soule.
La proximité des sports de haut niveau de montagne et de la mer nécessitant des vêtements thermiques exceptionnels, a été l’élément déterminant dans le succès de cette entreprise.
Une adresse : Tissage du Saison-Terksaën 11, cité Louis Béguerie 64130 Mauléon. ' 05-59-28-11-91.¿
www.tissages-du-saison-terksaen.com ¿
Sandalières jadis. Photo pour illustration Ikerzaleak
L'évolutionLa crise de la sandale a poussé nombre de petites entreprises à trouver de nouvelles orientations dans l'aéronautique les charpentes métalliques, les composants électroniques et l'inginiérie industrielle. Cela représente une quarantaine d'unités employant environ 1000 personnes.
L'unité qui domine est celle d'
AK qui soutraite de l'équipement aéronautique. Créé en 1985, le groupe industriel au CA de 35 millions d'euros en 2014, fait vivre 300 collaborateurs, dont 150 en Soule. La dernière acquisition du groupe avec ses huit filiales est la société dijonaise Dyn'Aéro qui fabrique des avions légers et des ULM.
La seconde entreprise qui a réussi sa reconversion est
Alkar dont le siège social est à Mauléon-Licharre. Alkar est née en 1983, après la fermeture de la société qui employait ses créateurs. Ces derniers ont créé une entreprise de charpente métallique sous la forme d'une Société Coopérative de Production de charpentes métallique, à la suite d’une société tournée vers la construction de bâtiments agricoles. L'activité de Alkar s'est élargie à la réalisation de projets industriels et tertiaires de plus en plus complexes et importants. La société a créée des filiales à Toulouse, Bordeaux et Montpellier. Elle emploie aujourd'hui une centaine de personnes et produit environ 400 tonnes de charpente par mois. Alkar maîtrise complètement et entièrement l'acte de construire en acier.
Ateliers Alkar. Photo République des Pyrénées
La trosième entreprise marquante de l'industrie locale est
Emac. C'est est une PME indépendante spécialisée dans la conception de formules et la production de mélanges de caoutchoucs techniques. Elle est située à Mauléon en plein cœur du Pays Basque, depuis sa création en 1950, sous le nom de Subero. Ce dernier a été changé en Emac en 1981, lors de l’évolution de fournisseur de mélanges caoutchouc pour l'industrie locale de la chaussure, notamment l'espadrille à celui transformateurs de mélanges caoutchouc pour diverses industries.
Emac est devenu l’un des principaux fournisseurs de mélanges caoutchouc en France. Il est un acteur reconnu dans différents secteurs industriels, tels que l’automobile, les transports ferroviaires, le BTP, l’aéronautique et le spatial, les adhésifs et la câblerie. Avec ses 12, 5 millions de CA en 2013, l’entreprise fait vivre 77 personnes.
L'agriculture
L'agriculture et l'agroalimentaire : l'élevage de bovins à viande et la culture du maïs ont pendant longtemps représentés la seconde richesse du pays représentant 30 % de l'économoie locale.
La transuhumance - Le déroulement
Jusqu’au XIXe siècle, avant le thermalisme et le tourisme de masse, le bétail, surtout les ovins, était pratiquement la seule ressource financière des vallées pyrénéennes et surtout de celle du Saison, du fait de la petitesse des exploitations de la Soule : une vingtaine d’hectares en moyenne. Le troupeau tenait une place essentielle dans l’économie locale. Les animaux servaient de monnaies d’échange pour acheter les produits nécessaires à la survie et qui faisaient défaut. Les bergers durent s’organiser en associations et syndicats afin de se partager les tâches. Les terres collectives de la montagne (elles appartiennent au « Syndicat », furent divisées en txotx (baccades mortes en Béarn), sorte d’unité de mesure de terre nécessaire à l’élevage d’une baccade vive, représenté par quatre-vingts têtes d’un troupeau de brebis.
Vers le 10 mai, les troupeaux composés de trois cents à mille têtes, partent des bordes de plaine pour la haute montagne à travers pistes pour arriver aux cayolars (1). Une journée de marche est parfois nécessaire. Mais les partages des taches sont réglées avant le départ dans un lieu public, généralement le jour des Rameaux, lors de l’artzantidia (artzainbide). Toutes les taches sont planifiées : les départs successifs, les chiens, l’utilisation des cayolars (kayolars), la production du fromage… En montagne, les troupeaux trouveront une nourriture riche et diversifiée qui donnera au lait et au fromage, toute leur saveur.
Le départ ou zantzarda a lieu de nuit, lorsqu’il fait plus frais. Toutes les bêtes sont marquées aux couleurs de leurs propriétaires respectifs et une sonnaille leur est fixée autour du cou. Les ânes de bat portent tous les équipements
De nos jours, les transports du troupeau et du matériel se fait de pus en plus en camion. Dans toute la Soule ce sont près de 2 000 troupeaux qui partent en estive en mai. Le berger va passer ses journées à traire les brebis, à la confection des fromages et à surveiller son troupeau avec son chien, une fois qu’il est sorti de l’enclos pour aller paître. Vers début juillet, les brebis ne donnant plus de lait, le berger va surtout s’occuper des soins puis de la tonte. Certains fromages sont affinés en plaine, ce sont les fromage de piémont, à la différence des fromages traditionnels d’estive faits aux cayolars. Ils sont de plus en plus rares. Il faut 25 litres pour un fromage de 5 kg. Voir au chapitre Gastronomie, la rubrique « fromage. »
Les agneaux conçus en juillet naîtront à la borde de plaine en novembre ou décembre. Jadis la totalité des fromages étaient produits en montagne et leur descente se faisait à dos de mulet pour la vente des foires du mois d’août. Dès les premiers passages des palombes par les cols en septembre, les bergers descendent de la montagne après cinq mois d’isolement.
La tendance est au retour à la tradition, comme en vallée d’Ossau voisine. La restauration des cayolars et les téléphones portables ont amélioré les conditions de vie en estives. On s'est vite rendu compte que la transhumance saisonnière à pied améliorait le lait des animaux, moins stressés que par les transports en camion.
Fin août, chaque année se tient la junte du pic d’Orthy, afin de renouveler les accords ancestraux sur les pacages Outre-Pyrénées.
(1) Dates fixées par la Commission du Syndicat de Soule. Se renseigner auprès des O.T.
Historique
Les transhumances ont modifié lentement le paysage de la montagne. Des forêts ont du être abattues, des parcelles cultivées abandonnés pour laisser place à des droits de passage, de pâture et de pacage. L’arrivé du maïs cependant, au XVIIIe siècle, a apporté une nourriture substantielle au troupeau qui pouvait alors rester en étable. Mais la transhumance restait nécessaire pour les plus petites exploitations.
Pour protéger et développer leur activité pastorale, les valléens des Pyrénées de l’Ouest, surent devenir les alliés indispensables des vicomtes en assurant la paix des frontières et en luttant contre les invasions des Arabo-berbères. Ils obtinrent dès 1221, puis en 1222 et 1247 des fors particuliers. Ils avaient le droit de passer tout accord avec les vallées voisines aussi bien à l’est qu’au sud des Pyrénées : Béarn, Navarre et Aragon. Ces lies et passeries assuraient la paix locale nécessaire à l’activité pastorale. Le plus célèbre traité international connu est la Junte de la Pierre-Saint-Martin ou Junta de Roncal. Il date de 1375. C’était un traité entre les pasteurs d’Ossau et ceux de Roncal. Conscients de leur force, les valléens n’hésitaient pas à déclarer la guerre à tous ceux qui menaçaient leur activité. La Coutume de 1520, éditée par François Ier, organisa d’une façon précise, tous les problèmes afférents aux biens indivis. Naturellement, la Révolution, chère à ses principes de propriété individuelle basée sur le droit romain ne comprit pas l’importance de la propriété collective. La résistance passive des bergers et des bouviers fut récompensée en… 1837, sous la monarchie de juillet. Par une loi, elle rétablit la propriété collective sous forme de syndicat intercommunal (loi du 18 juillet). Des tentatives d’organisation cantonales avaient été faites auparavant sous le mandat du préfet des Basses-Pyrénées, Serviez.
(1) Le cayolar est en fait un ensemble qui comprend la cabane du berger, l’enclos et les pâturages. Il couvre en moyenne 150 ha et appartient à plusieurs cayolaristes qui se relaient.
La vache ou la brebis
En Soule c’est la brebis blanche l’ardi xuri qui domine, alors que ses voisins navarrais préfèrent la race manech à tête noire. La viande de mouton et d’agneau curieusement peu appréciée des villes du fait de sa forte odeur s’est vue remplacée progressivement par celle du bœuf. C’est donc tout naturellement que la Soule avec ses importants troupeaux d’ovins, s’est spécialisée dans la production du lait de brebis et la confection de fromage.
L'évolution économique : l'agro pastoralisme
Les ressources agricoles du pays, avec une forte image de marque basée sur l'authenticité basque ont vu se développer une forte dynamique dans l'agro alimentaire autour de l'abattage et du conditionnement, de la charcuterie; des fromages, confitures, gâteaux etc.. Pour le fromage, gâce à l’obtention d’une A.O.C. en 1980, sous l’appellation Ossau-Iraty, le fromage souletin a trouvé un marché important. N’hésitez pas d’emprunter Le parcours Ossau-Iraty. Il est fléché de ferme en ferme. Avec les fromageries industrielles des Chaumes de Mauléon, existent également de nombreuses coopératives de fromages traditionnels comme Etxe Gasna ou Azkonia... Tardets peut se vanter d'avoir inauguré la première foire aux fromages du pays basque.
Deux adresses :
- Musée du berger et de la transhumance en Barétous voisin. ' 05-59-88-95-38. Fax : 05-59-88-95-41.
- École de bergers à Etcharry en Pays Basque.
Des dates : début mai, départs de la transhumance dans plusieurs villages. Se renseigner auprès des O.T.
Une brochure : Les saisons de la transhumance distribuée par le Conseil général.
Les services (en préparation)
et surtout le développement du tertiaire et du tourisme en particulier. Cette dernière activité longtemps considérée comme une économie d’appoint, apparaît de nos jours, comme un élément important de l’économie régionale.
Le développement du tourisme soutenu par une forte identité culturelle a été promu par la création de la Maison du Patrimoine et de bornes multimédias. Les axes traditionnels basés sur le loisir de plein air et les danses, pastorales, mascarades, si typique au pays présentent toujours l’ossature du développement touristique. Cette promotion a été doublée par une mise en valeur du patrimoine roman. Mais, à notre humble avis, une meilleure visualisation à l’extérieur du territoire, de cette belle province, s’avère essentielle. Lors de nos démarches nous avons pu constater que le sport de la soule (avec le film) était souvent plus connu que le pays du même nom. Une mise en valeur du château fort de Mauléon s’avère prioritaire.
La Commission syndicale du Pays de Soule
De tout temps la Soule a abrité une civilisation agro-pastorale. La transhumance, colonne vertébrale de l’économie de montagne a nécessité d’importants espaces libres pour les déplacements des troupeaux. Des usages se sont établis pour la gestion et l’aménagement des terres communes. Elles représentent actuellement jusqu’à 20 % du territoire souletin.
Une Commission syndicale est née de la transformation de la Communauté de Soule créée sous Charles X, pour répondre à la suppression des terres communes lors de la Révolution. Il est à noter que les suppressions des privilèges de la Révolution ont peu affecté les coutumes ancestrales des communautés montagnardes des Pyrénées. Les usages sont toujours en partie régis par la Coutume de Soule de François I er (1520). Ce sont ces textes, que le tribunal a rappelé récemment, lors d’un procès entre la commune de Larrau et la Commission. La commune trouvait un peu excessif les prérogatives de la Commission sur son vaste territoire. La Commission syndicale actuelle qui regroupe toutes les communes de ce guide (Soule historique), gère près de 15 000 hectares répartis sur sept communes dont 7 000 hectares de forêts, pour le suivi desquelles l’O.N.F. est commissionné. Ses ressources proviennent des droits (taxes) traditionnels de pacage, de l’exploitation forestière, des droits de chasse très lucratifs (cabanes, palombières, affût, tir au vol) et depuis peu, du tourisme (locations de chalets et droit de raquettes). La réalisation d’une quarantaine de chalets à l’orée de la forêt d’Iraty s’intègre de façon assez satisfaisante à l’aspect sauvage de la nature souletine. Un des projets en cours : la maison des migrateurs. Elle devrait se situer entre le chalet-restaurant et la route pour Ahusquy.
Pour certains amoureux de la « vrai » nature, partisans de l’effort, du silence, de la marche et de la joie de la découverte, certains sites de Haute-Soule sont devenus plus proches d’un « ludo-park » que d’un vaste espace sauvage. Entre les 4X4, les voies goudronnées, les campeurs, les chasseurs, les rallyes et les quads, il est parfois difficile de se relaxer et de flâner.
Une adresse : C.S.P.S. 10, rue Arthez Lassalle. ' 05-59-28-05-26. Fax : 05-59-28-06-73. ¿
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